Une vague de romantisme et de douceur a déferlé sur Milan au troisième jour des défilés de prêt-à-porter féminin pour l'été prochain, notamment chez Etro et Emporio Armani, pimentée par des collections plus énergiques comme celles de Versace et Iceberg.

Marco de Vincenzo réalise quant à lui la synthèse entre délicatesse des matières, avec de longues silhouettes fluctuantes, et énergie des constructions et des couleurs. Chef de file incontesté de la nouvelle génération du made in Italy, le créateur joue une fois de plus avec les textures et les couleurs en alchimiste surdoué.

Manteaux et robes descendent jusqu'aux chevilles. Recouverts de fines franges en crêpe de soie cousues main, ils ondulent comme caressés par le vent dans des dégradés de couleurs toniques: coquelicot, or, bleu gauloise.

Des jupes finement plissées en lamé argenté scintillent de reflets iridescents. De poétiques paysages japonais sont revisités dans un graphisme pop sur des corsages en coton crépon aux allures de papier. L'armature en vinyle noir d'un bonnet de soutien-gorge vient s'incruster dans une robe en macramé rouge.

On retrouve ce même filon pop chez Iceberg, qui a dévoilé son nouveau visage sous la direction créative du jeune styliste viennois Arthur Arbesser.

«Iceberg a connu le succès dans les années 80 sous l'impulsion de Jean-Charles de Castelbajac. J'ai voulu retrouver cette énergie en proposant une collection pleine de graphismes et couleurs dans un esprit fun», confie en coulisses le créateur, arrivé depuis juste trois mois dans la maison.

La maille a la part belle, utilisée dans 80 % de la collection, à travers des petites robes et combinaisons moulantes aux zébrures et damiers psychédéliques, mais aussi dans des tricots à épaisses rayures verticales et des pantalons évasés. Les chemisiers s'arrêtent sous la poitrine, les manteaux tombent jusqu'aux pieds.

Esprit froufrou

C'est sur le rythme syncopé d'une musique électronique que défilent les mannequins chez Versace, sous des faisceaux de lumières qui balayent l'espace. Derrière un semblant de sobriété martiale, se dévoile une femme hyper sexy, qui métamorphose une veste saharienne en robe ultra courte et endosse des tricots résille ou des mini-tuniques transparentes. Naturellement, elle ne porte que des jupes fendues jusqu'en haut des cuisses et troque définitivement le corsage pour un top bandeau.

L'inspiration militaire est partout: dans les élégants ensembles pantalon kaki, tout comme dans les tenues camouflage revisitées, qui mélangent en patchwork différents motifs animaliers déclinés en vert, violet, orange et jaune. Sans oublier les étoiles des grades de l'armée, retrouvées en collier ou en médaillon.

Retour au calme chez Etro. Avec ses silhouettes tout en volutes et transparences fleuries, dont le style fin 19e siècle est souligné par un petit ruban serré autour du cou, la garde-robe est résolument romantique.

Souvent, elle s'inspire de l'univers de la danse, comme en témoignent les ballerines à lacets, ainsi qu'un justaucorps couleur chair, un cache-coeur beige ou ce top bordé de tulle façon tutu.

Muguets, glycine et fleurs des champs se répandent sur les vêtements aux teintes claires illuminés par des lueurs dorées. Enrichies de volants, broderies, dentelles et autres passementeries, les robes en chiffon, popeline et mousseline crêponnée flottent, vaporeuses, dans un esprit parfois froufrou, qu'accentue le ruban en satin noué à la taille. Le vestiaire Etro prévoit aussi de soyeux peignoirs-kimono dégoulinant sur d'amples pantalons Palazzo.

Une certaine nonchalance et douceur de vivre émane de la collection Emporio Armani se déclinant dans une palette délicate dominée par un rose-chair pâle et un gris clair citadin. Petit foulard noué autour du cou, cheveux relâchés sur les épaules, sans apprêt, les mannequins affichent une élégance naturelle, sans carcan.

Pour l'été prochain, la deuxième ligne de Giorgio Armani propose des pièces confortables et faciles à assortir entre elles dans des matières soyeuses qui glissent sur la peau. Petites vestes et blousons en satin se portent sur des bermudas fluides, des jupettes ou de simples robes d'été à bretelles.

Parfois, un smiley souriant vous fait un clin d'oeil sur un top, tandis que les pantalons cigarette classiques alternent avec des modèles bouffants à l'allure de jogging, resserrés dans le bas par une sangle en cuir à fixer, selon l'envie, à la cheville ou sous le genou.

C'est une collection également très féminine et romantique, celle concoctée par Anna Molinari pour Blumarine, avec là aussi des maxi-robes en tulle brodées de roses noires et d'amples pantalons.