Après New York et Londres, les projecteurs s'allument mercredi sur les podiums milanais, où souffle un vent d'optimisme grâce à la reprise et au transfert de la Semaine de la mode sous les gratte-ciels du nouveau quartier de Porta Nuova.

C'est dans ce nouveau pôle des affaires, situé au centre-ouest de la ville, où s'érige la plus grande tour d'Italie qui héberge le siège de UniCredit, première banque du pays et nouveau commanditaire de la Chambre de la Mode italienne, que la Fashion Week va prendre ses quartiers à partir de mercredi.

«Cette édition est importante, car elle se déroule durant l'Exposition universelle que notre ville accueille jusqu'à fin octobre explique Cristina Tajani, adjointe au maire au Travail, Mode et Design.

«Elle marque aussi le passage de la tradition à la modernité, avec des défilés programmés encore dans les palais historiques du vieux centre, mais aussi pour la première fois dans le nouveau Milan, symbolisé par la Piazza Gae Aulenti», ajoute-t-elle.

Le «Fashion Hub», centre névralgique hébergeant presse, organisateurs et institutions durant toute la semaine, va en effet déménager de l'ancien palazzo Giureconsulti, à deux pas du Dôme, au futuriste Pavilion UniCredit, auditorium et centre polyfonctionnel se dressant sur la place Gae Aulenti.

L'ample espace permettra aussi d'héberger 17 designers émergents, sélectionnés par la Chambre de la Mode italienne, avec leur collection. Non loin de là, la nouvelle structure «The Mall» accueillera quant à elle plusieurs défilés et présentations.

C'est donc un nouveau visage que s'apprête à dévoiler la Fashion Week milanaise, consacrée aux collections de prêt-à-porter féminin du printemps/été 2016, et qui s'achèvera lundi.

Au programme, quelque 170 collections avec 70 défilés et 88 présentations, où se côtoieront grandes griffes, marques positionnées dans le moyen-haut de gamme et jeunes stylistes.

Nette amélioration de la conjoncture

À cela, s'ajoutent les défilés programmés en dehors du calendrier officiel, ainsi que de nombreux événements parallèles, telles des soirées spéciales, des initiatives culturelles, des inaugurations de boutiques ou encore des expositions, comme celle consacrée à la haute couture et intitulée Bellissima. L'Italia dell'alta moda 1956-1968, et celle dédiée à la maison Missoni, l'arte, il colore.

Le défilé le plus attendu est sans conteste celui de la maison Roberto Cavalli.

Après 45 ans à sa tête, son fondateur, le styliste éponyme, a passé la main. Au printemps dernier, Roberto Cavalli a en effet cédé sa marque au fonds d'investissement italien Clessidra et la direction artistique a été confiée au styliste norvégien Peter Dundas, qui dévoilera sa première collection samedi.

C'est donc dans un climat d'insolite effervescence que s'inscrit cette Fashion Week, qui semble retrouver des couleurs également à la faveur d'une nette amélioration de la conjoncture.

Après avoir enregistré l'an dernier un chiffre d'affaires total de 61,2 milliards d'euros, en hausse de 3% par rapport à 2013, l'industrie italienne de la mode table sur une croissance de 5,5 % pour l'année en cours, selon les estimations de la Camera della Moda.

«La mode italienne a bénéficié d'un dollar fort ainsi que d'un retour à la confiance de la part des consommateurs européens et américains», analyse Gaetano Marzotto, dirigeant du groupe textile Marzotto.

«En Chine, il est vrai que les biens de luxe - montres et joaillerie surtout - ont essuyé un recul des ventes dû aux mesures anticorruption, mais le luxe accessible, caractéristique du made in Italy, a bien tenu», ajoute-t-il.

À souligner, enfin, selon lui, «le regain touristique de nos stations balnéaires en raison des risques encourus au Maghreb».

«En Italie, plus que de reprise, je parlerais de réveil. Alors que depuis deux ans il y avait une totale désaffection pour la mode, on note aujourd'hui plus d'envie et d'attention de la part des clients, nuance Giuseppe Angiolini, président honoraire de la Chambre des acheteurs italiens.