Le créateur Hedi Slimane a proposé dimanche un vestiaire résolument androgyne au défilé Saint Laurent qui a clôturé la semaine de la mode masculine à Paris, tandis que l'ambiance était très années 70 chez Lanvin et Paul Smith.

Dans un Carreau du Temple tout tendu de noir, couleur dominante de la collection pour l'automne-hiver prochain, les silhouettes Saint Laurent sont plus longilignes que jamais, soulignées par des pantalons double peau ultra-slim en cuir ou en toile, sous des vestes étroites et courtes, de rares blousons ou des manteaux de laine.

La cape longue, sans manche, fait un timide retour, alternative aux manteaux traditionnels, dans cette collection présentée devant Pierre Bergé, l'ancien mannequin Betty Catroux et la rédactrice en chef de l'édition américaine de Vogue, Anna Wintour. Côté costumes, le modèle à rayures façon Borsalino revient aussi sur des bottines à hauts talons.

Quelques modèles féminins s'invitent au bal, essentiellement des tuniques ou robes courtes pailletées noir ou argent, sous des parkas militaires verts. Le soir, l'homme adopte aussi le pailleté en vestes festives.

À l'École des Beaux-Arts à Paris, Lanvin a proposé des pantalons larges à taille haute, des pulls à torsades rentrés sous la ceinture, des vestes de costumes croisés.

Les chemises s'accompagnent de sous-pulls. Les pièces se superposent: un blouson en serpent se porte sur une veste de costume Prince de Galles. Un pardessus recouvre une longue veste en cuir, elle-même additionnée à trois couches de vêtements.

Les formes sont amples, la palette dominée par le gris. Les dernières silhouettes, noires, sont accessoirisées par des épingles, l'allure est sombre.

«Une époque difficile»

«Le métal (des épingles) était important, ce côté dur. Nous vivons dans une époque difficile, ça oblige le designer à se poser des questions sur son travail», a commenté le directeur artistique pour la ligne masculine de Lanvin, Lucas Ossendrijver. «Quand on regarde à Paris, il y a tellement de militaires en ce moment, ça a un côté surréaliste».

«J'ai de la chance de pouvoir rêver, d'avoir la possibilité de faire les choses que je veux, tout en restant quand même dans une sorte de réalité», a-t-il ajouté.

Pour son prêt-à-porter masculin, Paul Smith a choisi quant à lui de prolonger l'hommage au Bauhaus, mouvement avant-gardiste du design du début du XXe siècle, que le styliste britannique a enclenché avec sa dernière collection féminine.

L'homme Paul Smith de l'automne et de l'hiver prochain s'enveloppe dans de longs manteaux aux motifs géométriques dans un patchwork chromatique célébrant la terre, du gris au marron.

Des manteaux doudounes qui s'étirent presque jusqu'au sol, des pardessus de laine, parfois dépourvus de cols, et le retour du manteau de fourrure, long et large, complètent la garde-robe de monsieur.

Des dessins géométriques, dont le triangle, emblème de la collection, s'invitent également sur les pulls passés sous la ceinture pour mettre la ligne en valeur.

Comme chez d'autres créateurs, tous les pantalons se terminent sur des ourlets bien au-dessus de la chaussure.

Le créateur britannique Paul Smith, 68 ans, a expliqué que cette collection revisitait son rapport «à la musique et à l'époque hippie».

PHOTO PATRICK KOVARIK, AFP

Collection Lanvin