Des imprimés de fibres textiles géantes ont envahi le vestiaire de Louis Vuitton, jeudi au deuxième jour des défilés parisiens de la mode masculine automne-hiver, tandis qu'Issey Miyake restait fidèle à la géométrie.

Le dandy écossais d'Issey Miyake

Foulard long flottant autour du cou, pantalons laissant apparaître des chaussettes à motifs géométriques, chaussures de sport: Issey Miyake a présenté un homme à l'élégance confortable, aux accents écossais.

La soie, japonaise, est à l'honneur dans le vestiaire proposé pour l'automne-hiver prochain par le créateur Yusuke Takahashi, directeur artistique de la marque, de même que les motifs de tartan qui se retrouvent sur un châle ou un pull.

«J'ai voulu créer un style plus élégant. Généralement, les collections Issey Miyake sont plus +sport+. Mais j'ai essayé de créer un style plus pointu et architecturé dans cette collection», a commenté le designer après le défilé, qui se tenait à la Fondation Cartier à Paris.

Le jeune créateur explique s'être inspiré de l'architecte et designer écossais Charles Rennie Mackintosh (1868-1928), célèbre pour ses créations aux lignes épurées.

La collection y fait écho: des lignes noires dessinent des formes géométriques sur un manteau, se croisent à angles droits sur des chaussettes roses ou violettes.

Des carreaux s'impriment sur des costumes sombres, en ton sur ton. La coiffure aussi se fait géométrique, avec des barrettes dorées qui s'entrecroisent de chaque côté de la tête.

Des motifs de roses et de gouttes d'eau viennent donner une touche plus féminine à l'ensemble, sur des sacs, des chaussures, de longs foulards, ou une chemise en soie qui marie le rouge et le bleu électrique.

Mais cette élégance n'oublie pas le confort, avec des baskets et des «slip-on», chaussures de sport sans lacets, mis en valeur par des pantalons au-dessus de la cheville, droits, bouffants ou type jogging.

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Les entrelacs de Vuitton

Le Britannique Kim Jones, directeur artistique des collections hommes de Louis Vuitton, a rendu hommage à son compatriote Christopher Nemeth, en déclinant les motifs emblématiques de ce designer décédé en 2010.

Des fils entrelacés sont représentés en très gros plan, comme vus au microscope. Ils forment des graphismes végétaux obsédants, qui se retrouvent sur des manteaux, des duffle-coats, des sacs. Sur des pulls, ils deviennent des rosaces.

Présentée sous les yeux de Delphine Arnault, directrice générale adjointe de Louis Vuitton, du chanteur Bryan Ferry et de Kate Moss, la collection était dominée par les tons camel et gris et faisait bien sûr une large place à la maroquinerie, avec des sacs, sacs à dos et pochettes.

Des broches, formées d'épingles dorées et de boutons, venaient accessoiriser la silhouette.

Admiratif, Kim Jones a qualifié Christopher Nemeth de «créateur londonien le plus important avec Vivienne Westwood».

«Il incarne Savile Row, la rue, le club... ses créations définissent Londres. Il a eu une formation artistique et a été illustrateur avant d'arriver à la mode, et cela fait écho à mes débuts», explique encore le directeur artistique dans les notes de collection.

«Je constate l'influence de son travail dans énormément de collections, et pourtant peu de gens le reconnaissent. C'est la raison pour laquelle, alors que nous approchons du cinquième anniversaire de sa mort, je voulais rendre hommage, haut et fort, à la vie et l'oeuvre de Christopher Nemeth».

La famille de Christopher Nemeth a assisté au défilé avec émotion. «C'était magnifique, mais triste aussi, car il n'est pas là», a commenté sa mère, Dorothy, venue avec son mari de Birmingham pour l'occasion.

«Nous sommes vraiment bouleversées», a confié Lui Nemeth, 27 ans, l'une des deux filles du créateur, qui habitent comme leur mère à Tokyo, où Christopher Nemeth s'était installé en 1986 et où est basée sa boutique.

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Broderies et uniformes militaires

Dries Van Noten a choisi le décor d'un entrepôt de la RATP pour faire défiler un bohémien à la silhouette empruntant à la fois à l'univers militaire, au punk et aux traditions de tribus chinoises, avec des superpositions, des vestes matelassées, des kilts, des broderies argentées.

«On a surtout travaillé sur les décorations du vêtement, qui sont parfois militaires, parfois des protections, parfois aussi ethniques», explique à l'AFP le créateur belge après le défilé, où dominaient le noir, le marine et le bordeaux.

«C'était intéressant de trouver les similitudes» entre ces vêtements, commente Dries Van Noten, qui s'est inspiré d'un livre du photographe britannique Jimmy Nelson, «Before They Pass Away» («Avant qu'ils ne disparaissent») sur les peuples autochtones.

La bande sonore, Be my Baby, était une «chanson d'amour pour Paris», a commenté le designer.

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Zombies raffinés

Maquillés avec d'inquiétantes cicatrices et des cernes, cheveux teints par endroits, les mannequins du défilé Yohji Yamamoto avaient des allures de dandies zombies.

Coutures à l'envers, superpositions de couches de vêtements, patchwork, vestes faites de matières contrastées, toiles déchirées: la collection du créateur japonais jouait aussi sur l'idée du souvenir et de l'inachevé.

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