Paris a repris mercredi le flambeau de Londres et Milan pour cinq jours de défilés hommes, un événement d'audience internationale qui se tient quinze jours après les attentats dans la capitale, placée sous haute surveillance.

Créateurs, acheteurs, journalistes, célébrités... Quelque 4000 personnes du monde entier sont attendues pour cinquante défilés automne/hiver à Paris, où le dispositif antiterroriste Vigipirate est à son niveau maximal, avec des déploiements exceptionnels des forces de l'ordre.

Face à ces événements qui pourraient dissuader des visiteurs étrangers, la Fédération française de la couture, organisatrice des défilés, a donné des conseils de vigilance aux maisons de mode pour rassurer le public.

Son président exécutif Stéphane Wargnier les a incitées à «renforcer le contrôle des cartons d'invitation à l'entrée en l'assortissant d'un contrôle d'identité», à «opérer un contrôle des sacs» et à prévenir la formation d'attroupements devant les salles.

Premier à présenter sa collection mercredi matin, le spécialiste du cachemire Lucien Pellat Finet a appelé à «ne pas se laisser prendre au jeu de la déprime».

«Quand il y a de la vie, il y a de l'espoir! Le message de la mode française, c'est une idée de la liberté», a déclaré à l'AFP le créateur, qui «travaille à 80% à l'export».

Valentino est l'un des principaux défilés attendus dans l'après-midi, au côté du créateur Belge Walter Van Beirendonck, connu pour son style avant-gardiste coloré et débridé, et de son compatriote Raf Simons, directeur artistique de Christian Dior pour la femme et la haute couture, qui présente sa propre collection.

Un nouveau venu: Cifonelli 

Face à la concurrence des Semaines de la mode masculine à Londres et Milan, qui devraient être prochainement imitées par New York, Paris «consolide son statut de ville forte» dans ce secteur, estime Serge Carreira, maître de conférences à Sciences Po sur la mode et le luxe.

À côté des grandes maisons internationales qui ont développé leur univers masculin, le calendrier compte de jeunes marques comme les Français Julien David et AMI. Elles «montrent une autre face de la mode masculine qui manquait à Paris, un côté plus décontracté, plus branché», juge l'expert.

Le nouveau venu dans le programme officiel est Cifonelli, une maison familiale fondée à Rome en 1880 et installée à Paris depuis 1926, spécialisée dans le costume masculin sur mesure, qui s'est lancée dans le prêt-à-porter. La première collection avait été présentée en juin, mais en marge de la Fashion Week.

Au calendrier, qui fait la part belle aux créateurs japonais, figurent des rendez-vous incontournables comme les défilés Louis Vuitton, Dior homme, Lanvin, Saint Laurent ou Dries Van Noten.

Même si la mode homme pèse moins lourd que la mode femme, elle connaît toutefois une montée en puissance remarquable depuis des années.

À Milan, où ont défilé les plus grands noms de la mode italienne comme Prada, Gucci, ou Versace, la Semaine des défilés masculins a révélé une tendance à la féminisation ainsi qu'un goût prononcé pour le confort et les accessoires.

À Paris, si les organisateurs ne font pas état de défections à l'amorce de cette semaine de défilés, reste à mesurer l'impact sur sa fréquentation des attaques meurtrières.

Ces attentats ont suscité une mobilisation du monde de la mode. Le slogan «Je suis Charlie» a été repris entre autres par les couturiers Karl Lagerfeld et Jean Paul Gaultier sur les réseaux sociaux, tandis que Jean Charles de Castelbajac et le créateur portugais Felipe Oliveira Baptista ont exprimé leur soutien à la liberté d'expression en participant avec d'autres artistes à un événement au Palais de Tokyo à Paris.

La semaine de la mode masculine s'achèvera dimanche et sera suivie dans la foulée par les défilés printemps-été 2015 de haute couture, spécificité parisienne, jusqu'au 29 janvier.