Dix ans après le lancement de sa première collection, la griffe parisienne Maison Kitsuné s'est attaquée pour la première fois cette semaine aux podiums, lors la Fashion week new-yorkaise, brandissant son étiquette d'Effortless French.

Sur fond de cartes postales géantes, où transparaît ce petit «je ne sais quoi» d'un Paris idyllique et romantique, 28 silhouettes masculines et féminines printemps-été 2015 exhibent, avec un brin d'insolence et de fierté, leur charme hexagonal.

«Parisien», dit sans rire une casquette à coque dure en tissu écossais; MAISON KITSUNE assène en majuscules le pull anthracite à col rond d'un mannequin à sage queue de cheval, mini-jupe, chaussettes et baskets blanches; Effortless French se vante enfin franchement le sweat-shirt bleu électrique d'un jeune homme.

Un hommage, en somme, à la petite touche «française sans effort» qui réussit depuis la création de Kitsuné en 2002 au duo de fondateurs franco-japonais, tout comme un clin d'oeil moqueur à l'Amérique, dont les rues et les sons sont aussi finalement des sources d'inspiration.

«Il y a un côté un peu admiratif» chez les Américains et ailleurs vis-à-vis des Français «même si on ne fait pas beaucoup d'efforts», s'amuse le designer et cofondateur de Kitsuné, Masaya Kuroki, au cours d'un entretien avec l'AFP lors de la présentation de la collection lundi soir. Et «nous, on prend ça avec humour».

La quarantaine tous deux désormais, Gildas Loaëc, Breton, ancien gérant de Daft Punk, et M. Kuroki, architecte japonais arrivé en France enfant et reconverti dans la mode, ont mis ensemble au monde une petite entreprise «musico-fashion» qui marche.

Une boutique à Tokyo, une autre à New York et bientôt deux en 2015, trois prochainement à Paris, des cafés Kitsuné dans les capitales françaises et japonaises, un label musical pointu et respecté, Kitsuné la multiple a su se faire un nom. Sur la toile et dans la rue.

Mais, à l'inverse de nombreux créateurs pour qui les podiums sont un premier pas avant l'aventure du détail et l'ouverture de magasins en dur, la décision de rejoindre le grand circuit des défilés n'est venu chez Maison Kitsuné qu'avec une certaine maturité.

«On est prêts»

«On sent qu'on était prêts maintenant», explique encore M. Kuroki. «À chaque collection, on est fiers de ce qu'on fait, mais là particulièrement», avance le créateur citant «les couleurs agressives», les «imprimés» et l'aspect en général «très pop» de la nouvelle collection.

Non loin de lui, se détachant d'un cliché en contre-plongée de la Tour Eiffel, une veste-cape rose flash à capuche attire le regard vers un modèle, une brune aux petits airs désuets de Marie-France Pisier, l'une des icônes de la Nouvelle Vague dans le cinéma français des années 1950 et 60.

À côté, un mannequin affiche, avec blouson rouge et jean brut ajusté, un air de titi parisien ténébreux, un poil dandy, un peu urbain.

Et autour d'eux, une petite foule de blogueurs et de fashionistas, dont le vénérable Nick Wooster, se pressent, avec, parmi ces invités, quelques starlettes et célébrités.

«C'est le seul défilé où je me suis rendue cette saison», affirme à l'AFP Sky Ferreira, chanteuse et égérie pop américaine de 22 ans, qui se dit très «fan» de la marque française et de son cofondateur, Gildas Loaëc.

Dans cette effervescence toute new-yorkaise, M. Loaëc se félicite du choix de la métropole américaine pour lancer sa marque dans le calendrier des Fashion Weeks mondiales: «C'est une ville qui vibre et qui bouge, c'est important, ça donne de l'émotion».

Un atout essentiel pour que se poursuive, longtemps, l'indispensable buzz.