Le couturier britannique John Galliano, quasi invisible depuis son licenciement de Dior en 2011, est apparu jeudi en Russie lors d'un spectacle savamment orchestrée par L'Étoile, la plus grande chaîne de cosmétiques russe dont il est le nouveau directeur de création.

Pour cette apparition, la marque n'a pas lésiné sur les moyens, organisant l'événement dans l'une des banlieues les plus chics de Moscou.

L'ancien directeur artistique de la maison Dior ne s'est toutefois montré que quelques secondes, dans un halo de fumée orange, à l'issue d'un spectacle aux allures de défilé sur le thème de l'espace et au cours duquel le danseur madrilène Patrick de Bana a effectué un solo, avant de s'éclipser, laissant les journalistes sur leur faim.

«C'est une opportunité et un défi formidables pour moi», a-t-il toutefois confié un peu plus tard, dans une interview à l'agence de presse officielle Itar-Tass.

«Je suis certain que notre partenariat va mener à de nouveaux et passionnants événements dans le monde de la beauté pour les femmes russes. Je pense que les résultats seront très beaux et inspirants», a-t-il ajouté.

Considéré comme l'un des plus grands talents de sa génération, John Galliano a passé quinze ans chez Christian Dior avant d'être licencié en mars 2011 après avoir tenu, ivre, des propos racistes et antisémites dans un café parisien, ce qui lui avait valu 6000 euros d'amende avec sursis. Une affaire qui avait brisé sa carrière.

Quasi invisible depuis les faits, il avait refait parler de lui lors de la Semaine de la Mode à New York en février 2013, après la présentation d'un défilé très apprécié du créateur Oscar de la Renta, auquel il avait apporté sa touche.

«John is back»

L'Étoile, qui possède 850 points de vente dans plus de 250 villes russes, avait annoncé quelques jours auparavant sa nomination dans un communiqué intitulé «John is back» («John est de retour»).

Sa nomination au poste de directeur artistique de L'Étoile, dont l'une des têtes d'affiche est la chanteuse française Patricia Kaas, a été saluée par la presse russe.

«Les créateurs européens ont compris avec stupéfaction qu'une véritable vie créative n'est pas possible en Europe. Elle l'est en Russie», s'est réjoui le site d'informations russe Vzgliad.

La communauté juive de Russie ne le voit toutefois pas de cet oeil.

«Cela fera renoncer beaucoup de gens à acheter des produits cosmétiques à L'Étoile. C'est un choix moral et éthique», a déclaré Boroukh Gorine, porte-parole de la Fédération des communautés juives de Russie à l'agence Ria Novosti.

John Galliano avait confié en 2013, dans une interview au magazine Vanity Fair, qu'il était «alcoolique» à l'époque où il avait fait sa déclaration antisémite, un épisode dont il affirme n'avoir aucun souvenir.

«Quand j'ai vu (la vidéo) j'ai vomi», avait-il alors déclaré.

«C'est la pire chose que j'ai dite dans ma vie, mais je ne le pensais pas... J'ai essayé de comprendre (...) je pense que j'étais tellement en colère et tellement mécontent de moi que j'ai juste dit la chose la plus méchante possible», s'était-il encore justifié.