Le podium était transformé en pataugeoire samedi pour les premiers pas des bottes en caoutchouc de Hunter Original à la Fashion Week de Londres, lors d'un défilé spectaculaire qui faisait singulièrement écho aux inondations frappant le Royaume-Uni depuis des semaines.

Sous les yeux experts de sa femme Stella McCartney et de la rédactrice en chef de Vogue US Anna Wintour, le créateur Alasdhair Willis a fait défiler les «wellies» typiquement britanniques qu'affectionnent aussi bien la reine que Kate Moss.

Éclaboussant l'eau qui inondait le catwalk, entre des arbres déplumés, les mannequins portent toute une gamme de vêtements d'extérieur, en néoprène et matières imperméables: ponchos, duffle-coats et doudounes.

La collection unisexe fait la part belle aux tons verts et bruns traditionnels pour cette marque fondée en Écosse il y a près de 160 ans, qui a équipé les soldats de la Première et de la Seconde Guerre mondiale.

Mais elle se fait aussi plus futuriste avec de l'argenté, du jaune fluo, du rouge vif, du bleu électrique.

Les têtes sont couvertes par des cagoules, ou des bonnets enfoncés jusqu'aux oreilles, avec deux trous pour les yeux.

Les bottes, qui se déclinent aussi en bottillons plates ou à talons, se portent jambes nues, avec un trench ou un ciré court.

Un look qui rappelle celui de Kate Moss, gambadant en mini-short et bottes Hunter dans la boue de Glastonbury, et qui est devenu le style quasi obligé des festivalières.

La marque équipant traditionnellement famille royale, aristocrates terriens et fermiers doit ainsi au mannequin-vedette de lui avoir apporté une image plus branchée.

En élargissant sa gamme de produits, Hunter ambitionne désormais de devenir une marque mondiale et vise notamment le marché chinois.

Un défilé d'actualité

Le défilé, très applaudi, s'est achevé avec un numéro du magicien anglais Dynamo qui, derrière un écran en bout de catwalk, donnait l'impression de flotter. Une pluie de cartes à jouer est ensuite tombée sur l'assistance conquise.

Hasard du calendrier, le défilé est intervenu alors que le pays connaît depuis deux mois des inondations record, qui ont conduit les hommes politiques et les membres de la famille royale à enfiler bottes et cuissardes pour visiter les zones sinistrées.

La deuxième journée de la Fashion Week a aussi vu défiler des femmes-fleurs ornées d'imposants pétales, pour une collection du créateur John Rocha sombre et romantique.

Le noir, décliné sur du tulle, des dentelles, de la soie, de l'organza, était la vedette du défilé, inspiré par le ciel crépusculaire d'Islande et le travail du peintre français Pierre Soulages.

Les robes, baroques, se portent avec des mi-bas et des chaussures à talons épais. La tête et les épaules disparaissent sous une surabondance de volants, tels des pétales de rose géants, noirs ou gris.

Un somptueux manteau de velours rouge carmin se porte avec un oeillet démesuré à la boutonnière. Parfois les fleurs se font plus petites, comme lorsqu'elles viennent parsemer une robe de tulle noire, et l'égayer de rose, rouge et or.

John Rocha est un admirateur de Pierre Soulages, chantre du noir. «Toutes ses peintures sont un travail sur la texture», explique à l'AFP le créateur originaire de Hong Kong et installé à Dublin depuis plus de vingt ans.

Le styliste, qui a aussi trouvé l'inspiration lors de ses voyages en Islande, est un habitué de longue date de la Fashion Week, où sa fille Simone présente désormais elle aussi ses collections.

Chez Sibling, dont la collection fait une large place au crochet, longues robes et talons aiguille se sont révélés difficilement compatibles: après avoir trébuché, un mannequin a carrément abandonné ses escarpins sur le catwalk.