Quel morceau se porte aussi bien en peignoir, en sortie de bain à la plage, en cardigan et en robe de soirée? Le kimono nouveau, bien sûr, popularisé par des égéries du boho-chic comme Nicole Richie, Kate Moss et même... Miley Cyrus - avant qu'elle ne se rase la tête et se fasse étirer la langue. Voyons ce qui reste du Japon dans ce vaporeux vêtement.

Angie Johnson, designer de la griffe montréalaise Norwegian Wood, a commencé à créer des pièces qui s'apparentent au kimono il y a quelques mois. «J'hésite à appeler ça un kimono, puisque, bien entendu, ça n'en est pas un. À part l'amplitude des manches, il ne reste pas grand-chose du vêtement traditionnel japonais dans mon design.»

La créatrice aime porter sa «veste kimono» avec une paire de jeans noirs à taille haute, un col roulé et des bottes noires, «façon seventies», dit-elle.

Partisane d'une mode plus éthique, Angie Johnson recycle des matières vintage chinées dans les bazars et tient à travailler avec des fournisseurs locaux. Ainsi, la frange qui décore l'ourlet de ses kimonos est fabriquée à Montréal. De plus, celle qui favorise les collaborations entre artistes travaille avec un photographe établi ici, Niels Kierulf, dont elle imprime numériquement les oeuvres sur des tissus.

De Claude Monet à Nicole Richied

C'est sans doute Nicole Richie et sa marque de vêtements pour femmes, Winter Kate, qui ont ramené le kimono au premier plan au printemps dernier. L'«actrice» l'a porté à toutes les sauces et l'a décliné dans plusieurs pièces de ses récentes collections. Zara, Topshop et les autres grandes chaînes ont emboîté le pas en moins de deux.

Mais ce n'est évidemment pas la première fois que le kimono sort du Japon. Il aurait fait son entrée en Occident pendant la deuxième moitié du XIXe siècle, avec l'ère Meiji. Le Japon s'est alors ouvert aux Occidentaux et des collectionneurs ont rapporté des estampes offrant aux artistes et au monde une source inépuisable d'inspiration. Les peintres Claude Monet, Pierre Bonnard, Vincent Van Gogh, Gustav Klimt et, surtout, l'Américain James Abbott McNeill Whistler (1834-1903) aimaient représenter des femmes occidentales en kimono dans le confort de leur maison.

Par la suite, les années folles ont poussé le japonisme et l'orientalisme un peu plus loin encore, en faisant du kimono une tenue de soirée pour les modeuses fortunées. Les années 70 ont aussi célébré la manche rectangulaire très ample, et c'est d'ailleurs le kimono de cette époque plus récente qui semble se réincarner sous nos yeux.

Le kimono traditionnel, le vrai, est aujourd'hui un vêtement réservé aux cérémonies. Les femmes le portent aussi dans les temples, ce qui leur permet de payer moins cher à l'entrée, nous assure un «espion» récemment rentré du Japon! Comme à peu près tout au pays du Soleil-Levant, le kimono est fortement codifié. Les femmes porteront un modèle différent selon leur âge, leur état matrimonial, l'occasion, etc. Sa forme simplifiée, le yukata, est celle dont s'inspirent aujourd'hui les designers occidentaux.