Un imposant collier de Maharajah, le diadème porté par Kate Middleton à son mariage, des «pendules mystérieuses»: avec environ 600 bijoux créés du XIXe siècle aux années 1970, la plus grande exposition jamais consacrée à Cartier s'ouvre mercredi au Grand Palais à Paris.

Cartier, «joaillier des rois et roi des joailliers», proclame Edouard VII d'Angleterre en 1902, un peu plus de cinquante ans après la naissance de la maison (1847). L'exposition, qui démarre avec de précieux diadèmes, montre la variété des styles Cartier à travers le temps (inspiration Marie-Antoinette, Art déco, inspirations russe, indienne, chinoise...) et quelques illustres clients.

Ainsi l'imposant collier du Maharajah de Patiala, assez grand pour couvrir son torse avec ses cinq chaînes serties de diamants. «Il est arrivé à Paris en 1928 avec des caisses de bijoux anciens et a demandé à Cartier de les remonter dans un style plus moderne», raconte à l'AFP Pascale Lepeu, conservatrice de la collection Cartier.

Cette pièce a été retrouvée en 1998. Quinze ans avant, la maison Cartier avait décidé de racheter des pièces historiques, dans les enchères et chez les antiquaires. À l'exception de certains prêts, la plupart des bijoux exposés appartiennent ainsi à Cartier.

La reine d'Angleterre, elle, a prêté un diadème halo créé en 1936. Il avait été acheté par George VI pour son épouse, qui l'a offert à sa fille pour ses dix-huit ans, la future Elizabeth II. Ce diadème, composé de 739 diamants taille brillant et de 149 diamants taille baguette, a été remis en lumière en avril 2011: Catherine Middleton l'a porté pour son mariage avec le prince William.

Autre prêt de la reine Elizabeth II: un exceptionnel diamant rose de 23,60 carats, monté en broche fleur par Cartier et qu'elle avait reçu en cadeau de mariage.

Les «Pendules mystérieuses», dont dix-huit sont pour la première fois réunies, sont un autre clou du spectacle. «C'est la quintessence de Cartier», pour Pascale Lepeu. La première a été créée en 1912. Il fallait alors presque un an pour les fabriquer. Leur «mystère», elles le tirent de leurs aiguilles, en diamant, qui semblent suspendues dans le vide, comme en apesanteur.

Le joaillier vit aujourd'hui «un âge d'or»

La bague de fiançailles, en diamant taille émeraude, de la princesse Grace de Monaco est également exposée, aux côtés d'extravagants bijoux de l'actrice mexicaine Maria Felix, tel son collier serpent, fait de 2.473 diamants et d'émeraudes.

L'exposition se clôt sur la célèbre panthère Cartier. En platine, or blanc et diamant, elle pose majestueuse sur un cabochon de saphir.

«C'est émouvant de voir réunies plus de 600 créations», a dit à l'AFP le président de Cartier, Stanislas de Quercize. «Nous sommes aujourd'hui dans un âge d'or: on n'a jamais autant créé (...) et il y a beaucoup de demandes du monde entier», explique-t-il.

Numéro un mondial de la joaillerie et numéro deux de l'horlogerie, Cartier est l'un des symboles du luxe français, d'Amérique en Asie. Ses ventes ont pesé plus de 4 milliards d'euros l'an dernier et pourraient approcher les 5 milliards cette année, selon les estimations.

Cartier compte plus de 300 boutiques dans le monde, outre celle de la Rue de la Paix aux abords de la Place Vendôme à Paris, temple de la haute joaillerie mondiale.

Comme ses concurrents, Cartier s'est notamment développé depuis une bonne décennie grâce aux ventes à la clientèle chinoise, qui assurerait aujourd'hui près d'un tiers du chiffre d'affaires de la marque, locomotive du groupe de luxe suisse Richemont (Van Cleef & Arpels, Mont Blanc, Baume & Mercier, Vacheron Constantin, IWC, Piaget, Jaeger-LeCoultre...).