Le duo franco-argentin Vasseur Esquivel, vétéran de la Fashion Week, a repris du service cette saison et est reparti à la conquête de New York avec une collection montée sur un tempo effréné, en à peine cinq semaines.

Thomas Vasseur, 39 ans, et Gaba Esquivel, 40 ans, se sont rencontrés sur les bancs de la prestigieuse école de mode parisienne Studio Berçot.

Après avoir fait ses armes chez Azzedine Alaïa et Gauthier Haute Couture entre autres, Thomas s'est associé à Gaba en 2001 et ils ont lancé leur label ultra-féminin, présentant cinq collections lors de défilés à New York.

Après avoir employé jusqu'à 45 personnes et généré des centaines de milliers de dollars de chiffre d'affaires par an, des investisseurs peu scrupuleux et un mode de vie tourbillonnant, mais épuisant ont eu raison de cette première aventure.

Thomas a ensuite travaillé chez le créateur américain Zac Posen et Victoria's Secret, entre autres. Gaba a fait du conseil pour des marques de mode en Amérique du Sud, tout en élevant son petit garçon.

Huit ans après, Thomas a rendu visite à Gaba à Buenos Aires au printemps pour fêter son anniversaire... Et l'alchimie a de nouveau fonctionné. Ils ont passé le reste de la semaine à dessiner pour «retrouver l'ADN de leur marque»: transparences et découpes, de la soie, du cuir et des matières innovantes.

Ils ont conçu à toute vitesse une mini collection de plage qu'ils ont testée auprès de professionnels à New York début juin.

«Avant on montrait notre travail à beaucoup de monde, à présent nous ciblons: un acheteur, un journaliste, un bureau de presse...», explique Thomas, cheveux courts et bruns et regard rieur.»Nous sommes plus mûrs, on a fait des erreurs qu'on ne refera plus, et on prend nos décisions beaucoup plus rapidement», ajoute Gaba, grande et fine, large sourire et cheveux auburns.

Se refaire un nom

Une maturité nécessaire pour se (re)faire un nom dans un monde de la mode de plus en plus concurrentiel, où les marques se multiplient, se télescopent, et s'éteignent parfois au bout de quelques saisons.

Fort des commentaires reçus à New York, les incitant notamment à viser le marché haut de gamme plutôt que le milieu de gamme surchargé, le duo s'est retrouvé à Buenos Aires mi-juin.

Il ne leur a fallu que 5 semaines pour concevoir une collection complète, faire fabriquer patrons et prototypes. Un travail qui prend normalement trois mois et demi.

«On a retenu trois maillots de bain et à partir de là, on a imaginé toutes les pièces d'une garde-robe pour la femme que nous avions en tête», explique Thomas. Une femme qui «a 35 ans plutôt que 20, active, urbaine et noctambule».

Elle porte des maillots de bain sexy, des robes courtes, fluides ou près du corps, mais aussi des robes parkas sport ou des tailleurs-pantalons, dans des couleurs neutres (noir, beige, gris) ou vives (jaune citron, fuchsia).

Tout a été fabriqué à Buenos Aires. Si à New York le temps, c'est de l'argent, «en Argentine, on doit toujours commencer par discuter une demi-heure, raconter un peu sa vie. Les gens ne travaillent pour toi que s'ils t'aiment, toi et ton produit», explique Gaba.

Fin juillet, le duo avait sorti 32 pièces, que Gaba a fait photographier pour imprimer des dossiers de presse. Elle a bouclé le tout dans une seule valise fin août.

Début septembre, le duo montrait sa collection à la presse et aux acheteurs pendant la Fashion Week. Coût de l'opération 10 000 dollars, contre un budget qui montait facilement à 90 000 dollars auparavant. Vasseur Esquivel préfère une production plus resserrée, mais garder le contrôle de sa deuxième vie.

Photo Matthew Peyton, AFP