Le jeune styliste new-yorkais Alexander Wang a rendu un bel hommage à Cristobal Balenciaga jeudi matin dans sa première collection, toute en élégance épurée, pour l'illustre maison parisienne.

C'est un «prologue», a déclaré modeste à l'AFP le styliste de 29 ans, nommé début décembre à la direction artistique de Balenciaga, maison à l'élégance très parisienne créée en 1919. Le défilé d'Alexander Wang, chouchou de la mode à New York, était l'un des rendez-vous les plus attendus de cette semaine du prêt-à-porter pour l'automne-hiver prochain.

La collection est dominée par des tons sombres, avec beaucoup de noir, en contraste parfois avec du blanc.

Les coupes sont très féminines, avec une taille merveilleusement mise en valeur. Les pantalons ont une taille haute, ceinturée par un petit noeud délicat. Des noeuds comme un hommage à Cristobal Balenciaga, qui les affectionnait.

Alexander Wang reprend d'autres codes: le volume dans le dos, l'arrondi des épaules. De même, la jupe, qui arrive aux genoux, est plus courte devant que derrière.

La coupe est géométrique. L'avant de la robe passe parfois derrière. Pour réchauffer la femme Balenciaga, Alexander Wang la couvre d'un boléro ou d'un gilet en fourrure, en renard rasé. Pour rajeunir le look, il propose un imprimé marbré.

Qui est cette femme Balenciaga? Pas forcément une élégante Parisienne. Alexander Wang, qui a grandi en Californie avec des parents d'origine taïwanaise, met en avant «un état d'esprit global». Mes vêtements, «c'est une attitude, une sensibilité; ce n'est jamais défini par l'âge, le passé» de la personne. «Balenciaga était déjà dans le multiculturalisme: il venait d'Espagne, mais avait une maison parisienne», poursuit le styliste.

Une nouvelle ère pour Balenciaga

La marque est un des joyaux du groupe de luxe PPR, dont le PDG François Henri Pinault était au premier rang du défilé. «C'est exceptionnel. Il a une connaissance intime de la marque, en très peu de temps!», a-t-il dit à l'AFP, tout en estimant lui aussi que le défilé était «une introduction».

Alexander Wang a succédé à Nicolas Ghesquière, qui a collaboré pendant 15 ans avec Balenciaga. Adulé des fashionistas, le créateur français avait fait renaître cette maison qui était en sommeil depuis sa fermeture par Cristobal Balenciaga en 1968. Le choix d'Alexander Wang, connu pour ses lignes à la décontraction moderne, était celui d'une certaine jeunesse.

Le petit monde de la mode était impatient de voir quelle interprétation le prodige Alexander Wang allait donner de la maison parisienne.

Pour Serge Carreira, maître de conférence à Sciences Politiques à Paris, spécialiste de la mode et du luxe, «cette première collection d'Alexander Wang ouvre une nouvelle ère pour Balenciaga». Le styliste «interprète l'héritage d'élégance et de sophistication de Balenciaga d'une nouvelle façon», estime-t-il, tout en soulignant qu'il est «difficile d'avoir des avis définitifs juste sur une collection».

«Il y a certes la structure et les recherches sur la construction des vêtements mais Alexander Wang introduit une allure simplifiée, plus fluide, moins architecturale», a analysé M. Carreira, interrogé par l'AFP.

Alexander Wang est un créateur de génie, mais aussi un homme d'affaires avisé: il a lancé sa première collection de prêt-à-porter femme en 2007 et elle est aujourd'hui commercialisée dans 200 magasins. Il a ouvert en 2012 un magasin sur deux étages à Pékin.