Plusieurs grands noms de la mode d'ici manquaient à l'appel, lors de la 24e Semaine mode Montréal (SMM).

Marie Saint Pierre, Denis Gagnon, Philippe Dubuc, Tavan&Mitto et UNTTLD, notamment, n'ont pas défilé. Joints au téléphone, tous ont invoqué des motifs similaires: une date de lancement fixée au début du mois de février, beaucoup trop prématurée pour le calendrier de création. Et puis, un défilé, c'est beaucoup d'énergie et d'argent. En moyenne 20 000 $, soit un fardeau financier important quand ce que l'on souhaite, finalement, c'est de mettre en valeur commercialement sa propre griffe.

Les enjeux individuels l'emportent alors sur l'organisation d'une manifestation de mode. Philippe Dubuc, qui siège au Conseil des créateurs du Québec, réagit vivement : « À partir du moment où on organise une semaine de la mode, il faut s'assurer la présence des locomotives de la mode... Et pour cela, ne pas dépenser tout l'argent dans l'infrastructure et en faire profiter les créateurs qui, eux, défilent et font le show. Il est temps de s'asseoir et de discuter tous ensemble! »

Réponse de Jean-François Daviau, coorganisateur de l'événement : « La Semaine mode ne peut pas remplir tous les rôles! C'est une plateforme formidable pour faire parler des créateurs auprès du public et dans les médias. Dire qu'on souhaiterait plus de subventions afin d'aider les créateurs ? Évidemment, cela va de soi...» Dialogue de sourds? Au nom de la mode, les deux parties auraient tout intérêt à trouver un terrain d'entente prochainement.

Les tendances automne: le rétro, encore

Décidément, le crépuscule des années 60 et le printemps des seventies n'en finissent pas d'inspirer les créateurs. Robes et jupes s'affichent à mi-cuisse, quand elles ne viennent pas frôler le dessus de la chaussure. On retiendra notamment le retour en force du col roulé, les jeux d'épaules et les superpositions. Un peu partout, les blocs de couleurs vives (magenta, rouge coquelicot, bleu cobalt, orange) éclairent cette garde-robe hivernale. Côté matières, les habituelles laines et touches de fourrure vraie ou fausse cohabitent avec la soie, le satin et le jersey fin qui enveloppent des silhouettes, taille haute, d'un halo fluide et ultraféminin.

Le buzz: Will Smith au défilé Ralph Leroy

Les semaines de mode de Paris, New York et Milan attirent leur lot de vedettes. Cette année, à quelques mètres de nous, le héros de Men in Black semblait apprécié le défilé de Ralph Leroy qui, pour ses cinq ans de mode, a rendu un hommage vibrant à son Haïti natal. Ce serait la présence sur la passerelle d'une amie, Sarodj Bertin, ex-miss d'Haïti, qui aurait attiré Smith à Montréal. Un sacré coup de pub pour Leroy qui nous a dit : «Will Smith a voyagé la nuit dernière pour assister à mon défilé. Il souhaite même acheter plusieurs de mes modèles.»

La coiffure: naturelle, S.V.P.!

Au programme automnehiver, «des franges nettes, bien définies par rapport à la forme du visage, qui viennent flirter avec les cils. Nous verrons des crinières de toutes les longueurs, qui s'arrondiront au niveau des pointes», explique Denis Binet, directeur artistique de la coiffure de la SMM, également styliste consultant pour Pantene Pro-V.

La pièce-clé: la cape

On l'a repérée chez Martin Lim, Mélissa Nepton, Nadya Toto, Ralph Leroy, Pedram Karimi. Simple, la cape a envahi la passerelle. Massive ou fluide, près du corps ou XXL, elle n'a pas son pareil pour dessiner une silhouette à la fois architecturée et ultraféminine. On a craqué pour la version laine surdimensionnée bordeaux de Nadya Toto et celle de Martin Lim, très seventies et agrémentée de mille languettes de tissu d'un blanc immaculé. Cap sur la cape, toutes!

Les signatures à suivre

> Matière noire, jeune griffe de Cécile Raizonville. On a aimé ses silhouettes joliment découpées, presque androgynes et faisant la part belle aux superpositions, au cours d'une présentation originale mêlant installation et tableau vivant.

> Rachel Sin, la créatrice torontoise qui a choisi de défiler à Montréal. Sa formation d'architecte transparaît dans les moindres détails de ses tailleurs pantalons, robes et jupes aux coupes parfaitement ajustées, à l'image de blocs de couleur placés avec grande justesse.

Le virage remarqué

La collection très chic de Rush Couture, griffe de Claudette Floyd, est connue pour ses robes cocktail et de soirée. Sauf que cette fois, la créatrice a conçu un univers plus « tendance». On a aimé ces robes longues à porter sur un pantalon façon smoking, très Saint Laurent, ainsi que sur ces manteaux et vestes, luxuriants, qui mélangent franges dorées et matières riches. Coup de coeur absolu.

Le maquillage: simple et mat

«Ce ne sera pas une saison haute en couleur», annonce Amélie Ducharme, directrice artistique du maquillage pour la SMM et maquilleuse professionnelle chez Covergirl. Les teints seront mats, les joues s'adouciront d'un rose timide et les bouches d'un voile de corail ou de rosé. «L'accent est mis sur les yeux, notamment sur les cils, qu'on travaille en haut comme en bas.»

La mannequin: Ryan

Teint de pêche, regard félin bleugris, crinière de rêve, Ryan, c'est 1,81 m de beauté naturelle. Toute en jambes, la jeune Montréalaise de 19 ans a foulé de sa démarche altière la passerelle de nombreux défilés. Son truc en plus : l'élégance à l'état pur. L'ex-étudiante en sciences de la santé au collège Jean-de-Brébeuf projette partir à Londres dans les mois à venir. Son rêve absolu? Faire partie d'une campagne du créateur Alexander Wang et devenir l'égérie d'un parfum Chanel.

La Semaine mode Montréal, c'est

> 4 jours et 13 défilés

> 300 mannequins

> 18 éclairagistes, 14 coiffeurs, 11 maquilleurs

> Trois heures de maquillage et de coiffure par mannequin, pour un seul défilé

> 60 bombes de spray, 48 tubes de gel, et tout autant de soins volumisants

> 165 tubes de rouge à lèvres, 200 pots de fond de teint, une centaine de mascaras, 300 pinceaux

> Entre 30 et 45 silhouettes par défilé, portées en moyenne par 20mannequins