Après New York et Londres, les projecteurs s'allument mercredi sur les podiums milanais, où le profil bas est de mise alors que le secteur continue de souffrir de la crise.

Pas de grandes vedettes ni d'événements spéciaux. L'atmosphère à Milan est aux préparatifs, mais sans effervescence particulière à la veille des défilés, qui se tiendront du 20 au 26 février pour présenter les collections de prêt-à-porter féminin de l'automne/hiver 2013-14.

Au programme quelque 126 collections avec 71 défilés et 59 présentations, ainsi que divers événements parallèles (soirées spéciales, initiatives culturelles, inaugurations de boutique, etc.).

À signaler également l'inauguration le 23 février de «Super», un nouveau salon entièrement consacré à l'habillement et aux accessoires féminins, qui se tiendra jusqu'au 25 février dans l'immense Pavillon 3 de l'ex foire de Milan. Seul édifice historique préservé de cette aire en restructuration encore en plein chantier.

Organisateurs et institutions locales attendent beaucoup de cette manifestation pour relancer la ville comme capitale de la mode et attirer à nouveau les acheteurs internationaux qui ont délaissé Milan au profit notamment de Paris.

«Le défi n'est pas facile. New York, Paris et Londres ont une grande puissance de feu. Notre seule issue est celle de l'excellence. Mais il faudrait que de leur côté les pouvoirs publics et les politiques soutiennent davantage le Made in Italy», souligne le président de la Chambre de la mode italienne Mario Boselli.

Fortement touché par la crise, le marché de la mode italienne perd du terrain par rapport à ses concurrents et la reprise ne semble pas à l'ordre du jour. Les derniers chiffres publiés sur le secteur ne sont guère réconfortants. Selon les estimations de la Camera della Moda, l'industrie italienne de la mode devrait clôturer 2012 avec un chiffre d'affaires total de 60 milliards d'euros, en recul de 5% par rapport à 2011.

«Nous revenons au niveau de 2010, mais compte tenu de l'ampleur de la crise ce n'est pas si mal. Cela signifie que le système a tenu», analyse Mario Boselli, qui reconnaît toutefois que «le premier semestre ne s'annonce guère brillant.»

À en juger par le flop des soldes en ce début année, la situation reste très critique. Selon les chiffres publiés par Federmoda, confédération regroupant les artisans et PME du secteur de la mode, les achats durant les soldes de janvier ont chuté de 9% par rapport à la même période l'an dernier, tandis que le ticket moyen s'est effondré de 25%.

Selon l'association de consommateurs Federconsumatori, seuls 36% des ménages italiens ont profité des soldes en dépensant en moyenne 219 euros contre 223 l'an dernier.

«Les consommateurs italiens, qui ont vu fondre leur pouvoir d'achat, ne peuvent se permettre davantage. La situation est également insoutenable pour les détaillants, dont beaucoup vont devoir mettre la clé sous la porte», s'inquiète le président de Federmoda Renato Borghi.

Le tableau dressé par Giuseppe Angiolini, le président de la Chambre des acheteurs italiens, est tout aussi sombre : «Les soldes n'ont pas fonctionné car l'Italie est un marché anxieux. Il n'y a pas de reprise. Les gens réfléchissent avant d'acheter. Si avant ils prenaient dix articles, aujourd'hui ils n'en prennent qu'un. Seules les boutiques, qui peuvent compenser avec une clientèle de riches touristes, s'en sortent. Mais pour les magasins des centres urbains situés en dehors des flux touristiques, c'est la catastrophe».

Dans ces conditions, les entreprises de mode actives essentiellement sur le marché italien se retrouvent en grande difficulté et beaucoup sont contraintes à se restructurer en profondeur. Benetton, qui réalise 50% de son chiffre d'affaires en Italie, a ainsi présenté récemment aux syndicats un plan prévoyant 445 licenciements.