Le petit monde de la mode a repris le chemin des défilés en bottes fourrées, mais sous le soleil samedi, pour la troisième journée de la Fashion Week de New York, avec les défilés remarqués d'un Alexander Wang étincelant, d'un Lacoste tourné vers l'avenir et d'un Prabal Gurung belliqueux.

Passées les petites frayeurs vécues à l'approche de la tempête, le manteau de neige qui enveloppe la ville semble ravir les organisateurs des grands défilés.

«On était dans un mood très blanc, (...) c'est un ravissement», s'enthousiasme Alexandre de Betak en coulisse après le show Lacoste au Lincoln Center. «Ça fait trois jours que l'on sait qu'il va neiger, on a juste dû changer un peu les planifications et faire venir plus tôt les décors».

Outre le groupe au crocodile, le bureau Betak produisait ces jours-ci, en plein blizzard, de nombreux spectacles, dont celui de Jason Wu vendredi, de Band of Outsiders samedi avant Derek Lam et DVF dimanche.

Même discours chez les organisateurs du défilé Prabal Gurung: «c'était (...) plus une tempête dans un verre d'eau! Tout le monde avait peur et finalement, tout le monde était là à l'heure, il y a 10 cm de neige dans les rues de Manhattan», s'amuse Etienne Russo, fondateur de Villa Eugénie.

Talons dorés et bottes de cuir

Autre raison de sourire, les collections du créateur Felipe Oliveira Baptista, à la tête de Lacoste, puis de MM. Gurung et Wang, ont enthousiasmé par leur audace et leur sophistication.

Chez M. Gurung, la New-Yorkaise se pare d'ornements militaires puissants et féminins. En kaki, une couleur qui semble s'annoncer prédominante cette saison, en bleu marine, ou en rouge écarlate, la femme Gurung ose avancer, sûre d'elle-même, enfonçant sans crainte ses immenses talons dorés et ses bottes de cuir à boucles dans un sol vaincu.

Le créateur «déclare la guerre, et il la gagne», applaudissaient sur Twitter des fashionistas.

«C'est la prise du pouvoir (...) l'invention d'une armure féminine pour les femmes dans l'armée américaine, qui jusque-là portaient des vêtements masculins» a confié le créateur à l'AFP.

Chez M. Oliveira, femmes et hommes sont également «projetés dans l'avenir» munis d'une «protection, d'une carapace», selon le styliste qui a décliné une série de vêtements en piqué, utilisé sous toutes ses formes et associé avec du cuir, pour donner à l'ensemble un aspect sculptural et maîtrisé.

Du vert là encore, mais aussi du bleu électrique, de l'orange vif, tranchent avec la suprématie du blanc et du gris hivernaux, des épaules extra rondes protégeant avec douceur et volume le corps des femmes.

Très attendu, Alexander Wang, le jeune génie pressé choisi par la vénérable maison Balenciaga pour remplacer dès cette saison le très aimé Nicolas Ghesquière à Paris, n'a pas déçu, présentant avec une touche d'humour près d'une quarantaine de silhouettes, souvent monochromes ou duochromes.

Stimulé par la bande-son du film «Rocky», «Eye of the Tiger», M. Wang a remplacé les gants de boxe de Sylvester Stallone par d'immenses moufles en fourrure noire, grimpant presque jusqu'aux coudes.

Les femmes Wang, revêtues de cols roulés en cachemire gris clair faisant office de capuche, affirmaient avec force le style maison, entre rondeur et décontraction moderne et élégance pointue, offrant au public l'une des collections les plus sophistiquées de sa jeune carrière.

Outre Jill Stuart, Calla, Monique Lhuillier et Bande of Outsiders, les New-Yorkais ont pu découvrir la collection audacieuse, aux très belles coupes, de Joseph Altuzarra, dont un manteau de fourrure blanc habillé de bandes noires a fait sensation. Des moufles en fourrure, là aussi, étaient de saison.

La Semaine de la Mode à New York, qui donne le ton de la saison automne-hiver 2013 2014, rassemble près de 300 défilés et présentations jusqu'au 14 février.