À l'ère où triomphent le culte de soi, l'exposition permanente et obscène de son vécu et de ses douleurs, en ces jours où nous avons l'existence si manifeste et si bruyante, le chic, il me semble, c'est la splendeur discrète, la délicatesse de taire un peu sa détresse comme ses exploits; le chic est ce supplément d'âme qui ajoute la réserve à l'éclat, et la tenue à l'émoi.

Le chic, il me semble, c'est perdre avec élégance, c'est volontiers faire briller les autres, c'est aimer sans calcul ni intérêt, c'est pardonner ou aider sans s'applaudir soi-même, c'est savoir sa banalité et pourtant tâcher d'enrichir le monde de ce que l'on est, c'est marcher droit dans une vie bancale, c'est tenter une sorte d'élévation qui n'a rien à voir avec le statut, mais plutôt avec la noblesse des sentiments.

Le chic, c'est le panache, tel que le décrit Edmond Rostand : la pudeur de l'héroïsme, comme un sourire par lequel on s'excuse d'être sublime.