La présidente de Lacoste, Sophie Lacoste Dournel, a annoncé mercredi qu'elle aller céder ses parts, comme l'avait fait son père avant elle, scellant la fin de l'actionnariat familial et la prise de contrôle de la marque au crocodile par le distributeur suisse Maus Frère.

Mme Lacoste Dournel a indiqué dans un communiqué qu'elle allait vendre avec ses alliés 28% du capital de la griffe à Maus.

Son père Michel Lacoste, qui l'avait précédé à la tête de l'entreprise et qui était en conflit avec sa fille qu'il jugeait insuffisamment qualifiée pour le poste, avait annoncé fin octobre qu'il vendait avec d'autres actionnaires 30,3% du capital à Maus, déjà actionnaire à hauteur de 35%.

«Après l'étude de différentes pistes, Sophie Lacoste Dournel et les actionnaires familiaux qu'elle représente ont fait le constat que toute action consistant à opposer durablement deux groupes d'actionnaires nuirait aux intérêts de l'entreprise et de ses salariés», explique le texte.

«En conséquence, ils ont décidé d'envisager la cession de leurs actions au groupe Maus Frères, ajoute-t-il.

Maus, qui était présent au capital à travers sa filiale Devanlay, contrôlera donc à terme 93,3% du capital de la marque au crocodile.

Selon Michel Lacoste, Maus, en embuscade depuis des années, était pourtant à l'origine des divisions familiales. Dans un entretien avec le quotidien Le Monde, il avait ainsi reproché au Suisse d'avoir «convaincu la moitié de (sa) famille de faire alliance avec lui pour prendre le contrôle».

La transaction entre Maus et Mme Lacoste Dournel se fera «dans les mêmes conditions» que pour la transaction avec le père.

Le prix de la transaction valorisait Lacoste entre 1 milliard et 1,25 milliard d'euros. Sur ces bases, la part de Sophie Lacoste Dournel et de ses partenaires vaut entre 280 et 350 millions d'euros.

«C'est avec une grande tristesse que nous envisageons de céder notre participation dans l'entreprise que mon grand-père avait créée», a déclaré Mme Lacoste Dournel.

«Stabilité de l'entreprise»

«Nous avions pourtant un projet ambitieux et la volonté ferme d'assurer la pérennité du contrôle familial», ajoute-t-elle.

«Notre responsabilité est de garantir la stabilité de l'entreprise et de lui assurer un développement serein et harmonieux» et «nous pensons que Maus Frères, notre partenaire de longue date, va y parvenir», poursuit-elle.

Sophie Lacoste Dournel, 36 ans, avait été élue le 24 septembre à la présidence non exécutive de Lacoste SA par le conseil d'administration renouvelé par les actionnaires.

Elle succédait à ce poste à son père Michel, 69 ans. Mais ce dernier avait ensuite attaqué en justice cette décision en la jugeant irrégulière, avant de décider de vendre ses parts à Maus Frères.

M. Lacoste mettait en doute les capacités de sa fille, affirmant qu'«elle n'a jamais passé une seule journée de sa vie dans une entreprise et n'a pas les compétences pour diriger un groupe qui se porte bien».

La société Lacoste, fondée en 1933 par le champion de tennis René Lacoste, a réalisé en 2011 un chiffre d'affaires de 1,6 milliard d'euros en ventes aux détaillants. Le modèle économique de Lacoste est fondé sur la cession de licences à différentes sociétés qui lui reversent des redevances.

De son côté, le groupe Maus Frères est un groupe familial actif depuis 1902, constitué de l'association des deux familles, Maus et Nordmann. En Suisse, il est surtout actif dans le commerce de détail, avec les grands magasins Manor, Jumbo et Athleticum.

À l'étranger, il est présent avec les marques Lacoste, mais également Gant, Aigle et Parashop. Il a réalisé en 2011 un chiffre d'affaires de 5,3 milliards de francs suisses (4,4 milliards euros) et emploie 22 000 personnes.