Il y a des Semaines de mode plus excitantes que d'autres. Aucun doute sur la question, ce cru annonciateur du printemps 2013 est particulièrement réjouissant. Point d'orgue, la soirée de mercredi, au cours de laquelle on a pu voir défiler Denis Gagnon, Duy et UNTTLD.

Les défilés de Denis Gagnon sont toujours l'un des moments les plus attendus de cette Semaine de mode de Montréal.

Tout simplement parce que le créateur a toujours l'art de nous surprendre au moment où l'on s'y attend le moins. Ainsi, il venait de nous confier qu'il fait «un retour aux classiques plus vendeurs, au noir et blanc, bref aux essentiels de DG».

Un Denis Gagnon assagi? Que nenni! Dès que Mado, la fameuse Drag Queen, a pris d'assaut le podium de sa démarche chaloupée exagérée, l'assistance est entrée en ébullition. Et encore, ce n'était que le début des festivités. Il y a eu aussi les amis de Mado, et puis les fidèles acolytes du créateur, tels les célèbres stylistes Fritz, Azamit et Yso. On en est venu à jongler mentalement avec, d'un côté, les vêtements, et de l'autre, des devinettes du style «mais qui se cache derrière ces maquillages de transformistes?».

Et pourtant... la collection du printemps prochain apporte une nouvelle fois la preuve que Denis Gagnon est un pur couturier dans l'âme et dans les actes, comme en témoignent les coupes impeccables, la maîtrise des volumes, sa capacité à se renouveler encore et toujours.

On retiendra de cette collection bicolore pour homme et femme, c'est-à-dire intégralement en noir et blanc, le sentiment d'accessibilité, de chic, de sport, de cool... Trois coups de coeur s'imposent d'emblée: les robes taille haute et évasées aux genoux, les pantalons masculin/féminin, et les imprimés en noir et blanc. Mention spéciale aux accessoires en cuir, pochettes et bracelets de Laurence St-Pierre.

Duy, l'archi-couturier

Son nom n'est pas encore très connu du grand public et pourtant, c'est l'un des plus talentueux de la relève. Sa signature? Des épaules parfaitement profilées et une couture particulièrement rigoureuse, agrémentée d'une multitude de détails très techniques. Duy avoue même devenir quasi obsessionnel. Quant à son style, il affirme une prédilection pour le glamour «joyeux», propre à exacerber la féminité. Pour cette cinquième collection, il nous avait annoncé en coulisses: «Préparez-vous à partir pour la Riviera. Ce soir, c'est Saint-Tropez, version années 80!».

Ce fut le cas, de la bande sonore au rouge fatal des lèvres des mannequins, jusqu'aux talons vertigineux des chaussures, chaque modèle appelait le glamour. Réjouissant. Des pantalons taille haute associés à de petits «tops», sorte de larges filets, des robes à basques (volumes sur les hanches) se terminant en longues traînes vaporeuses, des micro-shorts, le tout émaillé de vert cactus, de rouge vibrant, et de jean, beaucoup de jean, la grande nouveauté chez Duy. Un coup de maître.

UNTTLD: le duo de créateurs ultra-créatifs

On vous en parle depuis leur première collection, en 2011. José Manuel et Simon Bélanger, les deux gagnants de la Collection TVA 2010, émission de téléréalité, ont parcouru un sacré chemin en peu de temps.

Avant cette quatrième collection, on les aurait vite fait bien fait catalogués «edgy, rock, cool» - mais plus après ce défilé. Eux aussi ont su provoquer la surprise avec une collection inspirée du «kabuki», théâtre japonais traditionnel, avec en trame de fond une idée de minimalisme qui, à bien y regarder, révèle de multiples prouesses techniques. Étonnant d'inventivité. «On aime la simplicité apparente des choses, confiait José Manuel, et la féminité, tellement!».

Les mannequins se succèdent, grandes filles enveloppées de kimonos revisités, seconde peau, de pantalons masculin/féminin associés à de petits blousons, aux détails géométriques étonnants, de vestes ceinturées comme au karaté, de longues jupes plissées léchant le sol.

Parfaitement cohérente, cette collection alterne modèles pour le jour et pour le soir. Une belle leçon de style.