Hier après-midi, c'est à L'Arsenal - nouvel espace consacré à l'art contemporain qui accueille pour la première fois la Semaine de mode de Montréal - que Marie Saint Pierre nous a proposé une rétrospective en images de ses collections passées, son printemps-été 2013 et, ô surprise! , une ligne de meubles, qui sera vendue dans ses boutiques. Rencontre avec une créatrice pluridisciplinaire qui conjugue le verbe «durer» avec brio.

En 25 ans, comment votre vision de la mode a-t-elle évolué?

Je peux affirmer sans sourciller que je suis anti-mode! Et que, plus que jamais, c'est le vêtement qui m'intéresse avec tout ce qui va avec: une couture bien faite et des techniques irréprochables. En montant cette rétrospective, j'ai pris conscience qu'en un quart de siècle, on en a réalisé des collections et des modèles! Et croyez-moi, ce n'est pas facile de perdurer au Québec.

Justement, quelle est la clé du succès?

Le produit. La qualité! C'est ce qui fait toute la différence. Par essence, un vêtement est conçu pour être porté, mais il doit aussi résister à l'usure du temps. On a trop souvent tendance à oublier cette variable, qui est absolument primodiale. C'est franchement regrettable.

Le savoir-faire est-il le pilier de votre création?

Savoir-faire, recherche et capacité à innover, c'est une savante combinaison. Dans mes ateliers, on conceptualise une mode de plus en plus épurée, simplifiée, concentrant parfois l'essentiel de notre réflexion sur une jonction entre deux tissus, sur une simple couture. C'est réellement un travail digne des grandes maisons.

Quand on vous parle de votre fameux «froissé», devenu votre signature, que répondez-vous?

C'est bien l'une de mes marques de fabrique, mais je regrette parfois qu'on réduise mon travail au «froissé». Il y a aussi les pièces hybrides et modulables, les géométriques, les classiques... et tant d'autres.

Cette année a été marquée par votre collaboration avec Reitmans. Bilan?

Que du positif! Ça nous a fait connaître du public... et aussi des gens d'affaires. Voir le plus gros détaillant au Canada choisir une Québécoise pour sa première collaboration, ça a beaucoup impressionné les banquiers. Ils ne nous regardent plus du même oeil!

Seriez-vous prête à signer une nouvelle capsule avec une autre maison?

Absolument. Pour tout vous dire, j'ai déjà plusieurs propositions à étudier... mais je vais prendre le temps de réfléchir.

Un mot sur votre collection printemps-été 2013?

Elle est dans la droite lignée de mes collections précédentes: minimaliste, épurée. Elle pourrait s'intituler: «À bon entendeur, salut!», tant elle relève d'un travail de détails de coutures le plus souvent invisibles. C'est l'opposé d'un style «tape-à-l'oeil».

Et que souhaitez-vous pour le futur?

Poursuivre sur notre lancée!