À 30 ou à 50 ans, les Françaises s'habillent souvent dans les mêmes boutiques. Mais si elles achètent le même pantalon ou manteau, elles «composent» leur silhouette de façon différente, relève un bureau de tendances qui dresse un portrait de ces deux générations.

«Avant, on opposait la mère et la fille. Aujourd'hui, entre trentenaires et quinquagénaires, on est davantage sur un mode copines», souligne Sandrine Pannetier-Renault, directrice générale de Martine Leherpeur Conseil.

La trentenaire est la cible de référence des marques de mode. Son aînée, en revanche, souffre d'être «souvent amalgamée aux baby-boomers alors que le discours sur les seniors ne la touche absolument pas», relève l'étude du bureau parisien qui a croisé son «regard métier» avec des entretiens individuels.

«50 ans devient le nouveau 40», lance la chargée d'études Sabrina Pelissier, citant en exemple des célébrités comme Madonna ou Linda Evangelista.

À 30 ans, l'amatrice de mode a pour projet de «devenir adulte, s'offrir UNE paire de chaussures de luxe, décrocher un CDI [poste permanent, NDLR], trouver un homme (bien), sauter en parachute, s'acheter un appartement», dit-elle, dressant avec humour un profil type. À 50, elle veut «penser à SOI enfin, s'offrir une fenêtre de liberté et une deuxième énergie de séduction».

Ces deux générations se retrouvent sur leur culture de la mode, leur consommation sur le net, leur réceptivité aux grands messages sur les tendances de la saison et sur les marques de mode, note Sandrine Pannetier-Renault.

Le décolleté ou les jambes

À 50 ans, les femmes ont un vestiaire «plus tempéré» que leurs benjamines, elles ont cette notion «de choses que l'on ne fait pas», comme juxtaposer marine et noir, rouge et orange, fait valoir Jean-Philippe Evrard, directeur artistique de la maison. Si elles portent un pantalon de couleur, «elles l'adoucissent en l'associant à des tons neutres».

Dans leur approche de la séduction, les femmes de 50 ans sont «plus assumées, elles connaissent leur corps» et s'efforcent de «rassembler le regard sur leurs points forts, généralement le décolleté», souligne-t-il.

Les trentenaires font plus souvent passer la séduction «par les jambes», dévoilées, et mélangent une pièce «sexy» à d'autres plus grunge ou «oversize». Elles affectionnent aussi les imprimés polyphoniques, traitant rayures, pois ou léopard comme des neutres. Et les pièces «vintage» pour leur décalage assumé, évoquant le système D, une forme de consommation plus durable.

Tandis qu'à 50 ans, ce «vintage» risque de plomber en donnant un air plus âgé ou conservateur, note le styliste. Les quinquas cherchent plutôt un «équilibre entre élégance et fantaisie» ou alors, pour les «turbo glam» façon Thelma et Louise, de l'éclat décomplexé, de la couleur «qui boostent la silhouette». Fashion, mais pas victime.

À 30 ans, le vestiaire est vécu comme un jeu de rôles. A cinquante, la silhouette est étudiée selon un objectif: «tenue de combat, tenue professionnelle, tenue "demain je conclus"», ajoute-t-il.