À l'approche de la fête des Mères, nous avons organisé la rencontre vestimentaire entre deux mères et leurs filles. Symptôme de l'évolution des comportements, la frontière entre générations semble avoir éclaté. Les unes et les autres n'hésitent plus à échanger certains modèles de leur garde-robe. Zoom sur une tendance actuelle.

Connaissez-vous la catégorie sociologique des «mamans 20-40», les «jeunes mères» toujours prêtes à rajeunir leur garde-robe? Alors que ce n'était pas vraiment le cas pour les générations précédentes, en 2012, mères et filles sont beaucoup plus enclines à troquer leurs tenues, sans malgré tout tomber dans le clonage.

Une étude américaine publiée l'année dernière par le Journal of Consumer Behavior révèle que les mamans sont attirées par la garde-robe de leurs filles. Le contraire serait moins vrai. Spécialiste des tendances de consommation, Anne Darche nous offre sa vision: «Cette enquête nous montre que lorsque l'enfant devient le guide du parent, on est dans un schéma de socialisation inversée. Les mères vont chercher dans la penderie de leur fille une caution mode qu'elles n'ont pas toujours, faute de temps ou de bonne appréciation des tendances.»

Morceaux choisis

Evelyn Trempe (vice-présidente design et produit chez Lolë) a deux filles de 14 et 17 ans, Marine et Alex. Réunies pour nous, les trois blondes ont plus qu'un air de famille. «Nous échangeons sans arrêt nos sentiments et nos informations sur les tendances, les nouveaux modèles dans le coup, au cours de discussions de mère à filles dénuées de copinage, raconte Evelyn Trempe. Tout le monde reste à sa place, ce qui ne m'empêche pas de leur piquer bijoux, accessoires originaux et colorés, bref, tout ce que je n'aurais jamais pensé à acheter pour moi-même.»

Quant à Marine, la cadette, elle avoue emprunter à sa mère les trois quarts de ses chaussures plates, certains de ses basiques tels que t-shirts, blousons de sport et autres manteaux. Sa soeur Alex, elle, affiche un penchant pour les sacs vintage de sa grand-mère, tout en se rabattant sur les classiques essentiels de sa mère. «Il y a pas mal de choses que j'apprécie, mais tous les cardigans ou jeans trop larges, à mon sens, font carrément mémé! dit-elle. Heureusement, nos séances shopping en famille nous permettent de conseiller maman tout en nous faisant plaisir.»

L'échange de bons procédés et de vêtements s'est produit sous nos yeux lors de la séance photo. Il a même été étonnant de constater à quel point, d'une manche relevée ou d'une posture cool, les adolescentes savent transformer le vêtement en look branché.



Les mêmes goûts

Rachelle Claveau (directrice de groupe, service-conseil chez Cossette) est aussi une maman dans le coup dont la fille de 14 ans, Maeva, semble suivre les traces influentes. Lors de leur arrivée pour la photo, on avait le sentiment d'une parfaite fusion des styles et des inspirations entre deux générations. «Dernièrement, d'ailleurs, sans nous concerter, nous avons acheté exactement le même modèle de maillot de bain sur le site de Victoria's Secret! lance Rachelle Claveau. Et ça ne s'arrête pas là. Je lui pique tous ses sacs Adidas ou Longchamp, tandis qu'elle fait main basse sur tous mes hauts, chemisiers, mon blouson en cuir... voire mes manteaux.»

Mais nos deux mères expriment cependant la même réserve: elles déplorent parfois le manque de soins apporté à leurs vêtements, qu'elles retrouvent roulés en boule au fond d'un placard ou sous le lit. «Le comble, c'est quand j'ai découvert l'un de mes jeans slim sur la meilleure amie de ma fille!», explique Mme Claveau.

On en déduit que le troc des looks doit se faire dans le cadre de règles bien établies - avec des interdits à ne pas transgresser -, où chacune respecte scrupuleusement l'autre. Et dans ces conditions, il se révèle fructueux pour tout le monde, les mères qui y gagnent en modernité et les filles en diversité de silhouettes.

Photo André Pichette, La Presse

Rachelle Claveau et sa fille Maeva (14 ans) s'échangent presque tous les vêtements. «Je lui pique tous ses sacs Adidas ou Longchamp, tandis qu'elle fait main basse sur tous mes hauts, chemisiers, mon blouson en cuir... voire mes manteaux», dit la mère.