Suivie par les plus grandes acheteuses du monde, la présentation parisienne des collections automne-hiver 2012-2013 a été un vif succès. Au premier rang: des défilés éblouissants, Chanel et Balenciaga, des décors surnaturels et une ovation qui a marqué tous les esprits.
Les trois défilés les plus en vue
Il y a d'abord eu le défilé Chanel, sublime. Sous la direction artistique sensationnelle de Karl Lagerfeld, les superpositions étaient au coeur de cette garde-robe, comme ces vestes et ces robes de tweed sec portées sur de petits pantalons étroits boutonnés à la cheville. Que dire du défilé Balenciaga? Un véritable coup d'éclat. Le travail des matières technologiques (néoprène ou bandes de PVC...) témoigne des prouesses techniques de Nicolas Ghesquière, ce dandy inimitable. Depuis son arrivée, en 1997, la griffe ne cesse de se démarquer et de monter en puissance. Quant à Felipe Oliveira Baptista, à la direction artistique de Lacoste, mais qui présentait sa collection personnelle à Paris, sa démonstration de force a été admirable, offrant une garde-robe urbaine, orientée vêtements de sport aux tonalités mates et brillantes mélangées, vinyle et cuir, ivoire et couleurs primaires, le tout dopé de lamé cuivre. Voilà une collection qui fera date dans l'histoire du créateur d'origine portugaise, installé à Paris.
L'ovation
Du côté de Lanvin, avec le créateur Alber Elbaz, qui fête ses 10 ans à la tête de la direction artistique de la maison, on se sentait au bord de la haute couture. Ce cru hivernal a reçu la plus belle ovation de cette odyssée mode parisienne. Mieux que ça: une ovation debout dès l'apparition des premiers mannequins en néoprène. Une décennie a suffi au couturier pour insuffler à son travail méthodique un supplément de modernité: plus de couleur, plus de rigueur dans les formes, l'irrésistible femme Lanvin devenant au premier coup d'oeil identifiable.
Le départ de Stefano Pilati de chez Yves Saint Laurent
Stefano Pilati, qui a ponctué son ultime passage sur le podium d'un V avec les doigts dont on se demande s'il signifie «victoire» ou «vendetta»(voir autre texte). On penche plutôt pour la seconde hypothèse.
Les silhouettes et les matières phares
«Le moulant et l'ample continuent d'avoir la cote cette saison, avec moult robes inspirées des années 50 et des jupes paysannes, ainsi que des vestes écourtées au look plus carré», indique Barbara Atkin, vice-présidente, tendances chez Holt Renfrew. «On a vu beaucoup de manteaux enveloppants, des cols roulés, des pantacourts filiformes, des maxi-manteaux et des robes surdimensionnées. Matières stars: la fourrure, le tweed, le velours, les étoffes recouvertes d'empiècements métalliques et les broderies d'aspect tapisserie.»
Décors: la surenchère
Pour Louis Vuitton, c'est carrément un train qui est entré dans la cour carrée du Louvre. Une locomotive bleue autour de laquelle s'est organisé le défilé. Ambiance aux antipodes sur le terrain de la marque Chanel: le parcours emprunté ressemblait à un sinueux et spectaculaire voyage entre des stalagmites de glaciers à reflets bleutés, déclinés ensuite en bijoux. Chez Kanye West, on était presque en plein tuning. Thématique: des voitures, des voitures et encore des voitures. On se serait cru sur un circuit de karting, enfumé jusqu'aux limites du caricatural. Pour une seconde collection malgré tout moins controversée que la première.
La course aux people
Au premier rang des people, chez Yves Saint Laurent: Catherine Deneuve, Alicia Keys et Katy Perry, arborant une nouvelle coupe de cheveux bleu délavé. Chez Chanel, Coeur de pirate côtoyait Anna Wintour - grande prêtresse du Vogue américain - , Maïwenn (réalisatrice du film Polisse), la photographe Ellen von Unwerth et Alicia Keys. En position de tête sur le «circuit» de Kanye West, il était possible de croiser P. Diddy, l'actrice américaine Kim Kardashian et Alicia Keys, décidément de toutes les batailles. Au défilé Stella McCartney, on a vu François-Henri Pinault (propriétaire de PPR) au bras de sa femme, Salma Hayek, l'actrice Isabelle Huppert et, bien sûr, Paul McCartney dans son rôle de premier fan. Cette présentation des collections automen-hiver 2012-2013 confirme que Paris restera toujours Paris.