Les défilés masculins de Milan, annonciateurs de l'automne-hiver 2012-2013, se sont achevés sur un constat: le gentleman à la beauté virile et mature revient en force. Plus que jamais, les marques semblent vouloir combler leur clientèle au risque de paraître moins avant-gardistes, le but étant de vendre et d'habiller de vrais hommes. Le point sur la mode masculine avec un spécialiste, le styliste Patrick Vimbor.

Les essentiels

«Deux grands courants cohabiteront l'hiver prochain, la silhouette très années 50, évocatrice des films de Visconti, et parallèlement des looks plus sixties, décrypte Patrick Vimbor. Cela donne des vestons à double boutonnage portés sur des pantalons à pli et plutôt amples. Deuxième grande tendance, le veston (encore) très court sur pantalon cigarette, mais pas svelte! Partout, on a pu remarquer le retour du manteau trois-quarts pour parachever le tout.» Fini l'androgynie et les coupes trop près du corps, l'homme de l'hiver 2012-2013 cultivera sa masculinité, comme en témoignent les nombreuses beautés à la pilosité exacerbée qu'on a pu voir défiler, facture d'homme qui a à coeur de se vêtir avec élégance.

Côté nuances, «la palette oscille invariablement entre les classiques gris charbon, palette minérale et le classique noir. Un drôle de kaki tirant sur le jaune émerge cependant», précise Patrick Vimbor. Vus de concert avec notre spécialiste, nos coups de coeur absolus étant les modèles de Prada, Valentino, Jil Sander et Burberry illustrant un retour aux classiques intemporels et très portables. Versace, Giorgio Armani et Calvin Klein se sont aussi démarqués avec des collections renouant avec les codes essentiels et fondateurs qui ont fait leur renommée, histoire de conforter leur clientèle: classique ou bling-bling. Chacun y trouvera son compte.

Zoom sur trois collections

Prada: ou le parfait dandy

Miuccia Prada parvient à ce coup de maître: faire défiler Adrien Brody, Gary Oldman et Willem Dafoe, le jour même des Golden Globes, rien de moins. Mais qui mieux que ces beautés typées pouvaient incarner cette collection qui revisite les codes formels d'une garde-robe masculine on ne peut plus habillée. Un vrai coup de marketing et de promotion réussi qui ne devrait pas passer inaperçu auprès des amoureux de la griffe. Au menu: prestance et classe à l'image d'un Adrien Brody, brun ténébreux vêtu d'un manteau rouge sombre aux micromotifs rétro, col de fourrure, avec lunettes aux verres rouges eux aussi. Ici, tout est parfaitement structuré: des vestes, sous-pulls, chemises aux différentes coupes de col, d'emmanchures et de boutonnages.

Versace: retour à l'ADN Gianni

«La collaboration avec H&M a redonné du mordant à Donatella Versace!» analyse Patrick Vimbor. Et c'est vrai que ce cru hivernal est un pur retour aux codes, ceux qui ont fait vibrer la maison italienne, à son meilleur dans les années 90. «Une garde-robe à la fois urbaine, militaire et rock, avec ce qu'il faut de clinquant», comme en font la démonstration ces blousons en denim ou en cuir matelassés, rebrodés de clous ou de chaînes en or. Moins tape-à-l'oeil (quoique...), ces costards déclinés dans des teintes vibrantes. Elle devrait plaire aux jeunes qui ont découvert la griffe l'automne dernier et aux plus âgés, amoureux de la grande époque, celle de Gianni.

Armani: se renouveler dans la continuité

Ce n'est pas chose aisée mais Giorgio Armani est virtuose en la matière. Le créateur s'adresse plus que jamais à de vrais hommes, bien réels ceux-ci. Dans un répertoire combinant vestes, blousons, costumes, cabans ou manteaux trois-quarts à double boutonnage, le créateur glisse ça et là des draperies de type chevrons ou prince de Galles, le plus souvent imprimés sur des bases en maille, histoire de combiner classicisme et originalité. Ce qu'on attend finalement d'une collection Armani: l'éternelle évolution dans la stabilité.