Face aux incertitudes de la crise, le costume strict d'homme d'affaires, bien coupé et soulignant la carrure, rassure les hommes, si l'on en croit les défilés jeudi à Paris, où les créateurs asiatiques ont opté pour davantage de décontraction, tout en restant chic.

La marque de luxe française Vuitton et le duo néerlandais Viktor & Rolf ont présenté, chacun à leur façon, des costumes assez classiques, mais aussi de la fourrure, bordant des capuches sport ou même sous forme de toque, pour résister aux éléments polaires l'hiver prochain.

Manteaux croisés de dandys dans de riches laines ou cachemires ou vestes matelassées, les dandys de Viktor & Rolf, fine cravate noire et gants en cuir, évoquent parfois, avec ce côté un peu trop propre, un tueur à gages de cinéma, organisé et tiré à quatre épingles.

De nombreux pantalons en cuir épais et mat avec un large revers sur la cheville apportent une touche de fantaisie bienvenue, comme ces vestes qui exagèrent la largeur du dos ou la veste de smoking rose brillant et noir.

Chez Vuitton, les modèles gominés défilent en costumes dont le chic est encore accentué par des chemises en soie croisées sous la veste, façon kimono.

Blousons en lézard ou crocodile avec col en agneau, étoles de vison, somptueux manteaux en laine noués sur le côté, chandails en «bébé chameau», la maison, qui présentait bien sûr de nombreux sacs, ne lésine pas sur les matières. Même les blousons ou manteaux de chasse ont des empiècements en crocodile ciré pour renforcer les coudes. Pour le soir, des costumes de soie kimono, dans différents bleus soutenus, et du velours.

Vestiaire ouvrier, façon luxe et volupté

Le collectif de stylistes d'Issey Miyake, marque japonaise pointue en termes de recherches sur les matières, a développé des pantalons aux plissés complexes, réinterprétant le célèbre «Pleats please» féminin de la maison.

Ces plissés souples, qui se meuvent avec le corps, ont largement été copiés dans le monde depuis une vingtaine d'années. Pour l'hiver prochain, la marque les a adaptés, pour la première fois, à l'homme, en ajoutant du coton au polyester pour un rendu plus épais.

Un premier tableau fait apparaitre six jeunes hommes au teint frais sous d'immenses ballons de lumière, portant des pantalons beiges plissés large sur la jambe, plus serrés à la taille comme sur les chevilles, ou le mollet dans sa version courte. Décontractés en baskets et pulls de maille fine aux couleurs vives, ils pourraient quitter le podium et se fondre dans la rue.

Le pantalon se décline en sarouel, survêtement étroit ou combinaison de garagiste. Les associations de bleus denses évoquent, version luxe et volupté, un vestiaire ouvrier, comme ce pull zippé bleu roi à col montant. Quelques vestes plus formelles et de rares costumes côtoient des parkas à capuches.

Dans la matinée, le New-Yorkais d'origine cambodgienne Phillip Lim, qui présentait sa première collection à Paris, a joué la décontraction en mêlant différents blancs à des couleurs plus denses.

Dans un hangar éclairé de piliers de néons, comme ceux qui illuminent les marchés de nuit asiatiques, des chandails rapiécés et des pantalons en large pied-de-poule se portent sous des imperméables en latex transparent. Les modèles au regard assombri présentent aussi des contrastes audacieux de couleurs, comme ce teddy orange bordé de noir sur un long bermuda d'un profond bordeaux.