Affirmée chez Guy Laroche, éthérée chez Damir Doma ou ludique chez Baptista: la féminité a été au centre des débats et étudiée sous toutes les coutures mercredi sur les podiums parisiens, à l'occasion des présentations du prêt-à-porter de la prochaine belle saison.

Les belles de Guy Laroche reviennent de loin... Victimes d'un naufrage, et déboulant de l'ossature de la nef d'un navire échoué en bout de podium, elles arpentent la plage, sans même s'enfoncer dans le sable, bien que juchées sur d'immenses hybrides «stillation sandales» de croco ou de veau velours.

«Elle a beau errer», assure à l'Associated Press (AP) le directeur de création maison Marcel Marongiu. L'été prochain, cette «femme libre s'affichera en robe de jersey asymétrique jaune acide à fronces et légèrement fendue, juste là où il faut», poursuit le styliste franco-suédois.

En jersey uni donc, en mousseline de soie, en imprimés ondoyants évoquant les univers marins ou encore en ensembles veste et jupe mêlant jusqu'à quatre matières dont de fins cuirs d'agneau glacé, ces naïades contrariées s'improvisent en Robinson Crusoé «à l'allure séduisante, au bon goût affirmé».

La collection permet aussi à Marongiu de décliner un savoir-faire plus technique, via des contre-collages de matières différentes sur l'endroit et sur l'envers d'une même pièce. Des cabans, des petites vestes militaires à gros boutons, des jupes et bermudas de coton marine près du corps complètent ce vestiaire estival plus que portable, et pas seulement sur une île déserte.

Aller à l'essentiel tout en capturant l'essence même d'une «certaine fragilité féminine», c'est le credo en mode de Damir Doma depuis ses débuts dans l'univers de la femme l'an dernier.

«J'essaie d'installer cette fragilité dans quelque chose d'intemporel, mais qui serait nourrie par des forces intérieures inébranlables», a dit à l'AP le créateur germano-croate avant son défilé.

Pour ce faire, il joue les oppositions/attractions de légères gazes de mousseline de soie superposées que vient casser la minéralité de lourds bijoux de métal doré et pierre. Il travaille en effets «bouillonnés» le crêpe de soie, fait une incursion du côté des plissés empruntés à la couture, et tente d'autres superpositions de souples cuirs et de coton tissés en mailles ajourées.

Si son univers semble d'abord austère, il est aussi éclairé de jolies touches de broderies lurex sur des jupes de tulle ou de revers de métal doré sur des vestes ou en plastron. La silhouette Doma, adulée en Allemagne, est une émanation d'un certain multiculturalisme en mode, qui longtemps n'a existé qu'en filigrane à Paris.

«C'est la raison pour laquelle ma maison est basée ici. Seule Paris peut porter mon message, vers un nouveau classicisme, alors que s'effondrent les temps anciens», a justifié le styliste, dont la timidité n'est pas qu'une légende.

Plus affirmé, sûr de son fait et galvanisé par la réussite, tant de ses dernières collections couture que par sa nomination pour réveiller le célèbre crocodile de Lacoste, Felipe Oliveira Baptista est allé chercher dans ce qu'il a fait de mieux pour le proposer en version «évolutive».

«Construire et déconstruire son vêtement en zippant et «dézippant» les pièces qui le composent, c'est aussi redonner un rôle central à la cliente qui le porte», a dit à l'AP le créateur portugais en coulisse de son défilé.

Ces zips qui ne se cachent plus, bien au contraire, sont la clé de voûte de la collection proposée en «color blocks», ces teintes franches, qui s'affrontent sur un même modèle et permettent de mieux «zapper» de «look» en restant à la page...

Cette «multiplicité des possibles» se décline en matières techniques, en maille ou en transparences à travers une farandole de combi-pantalons, de leggings, de polos et de robes parachute. Bref, un florilège de rafraîchissants kaléidoscopes énergisants, laissant augurer d'une prochaine belle saison lumineuse.