Félix Bujo, cheveux bruns, yeux azur, n'en finit pas de promener ses 6 pieds 2 (et ses muscles) de par le monde, de prestigieuses campagnes publicitaires en défilés des plus cotés. Rencontre avec un des mannequins montréalais les plus en vue du moment.

Rudsak, Bedo, Le Château, Harricana... Félix Bujo en a été l'égérie dans l'une des dernières saisons. Et franchement, qui pourrait se plaindre de voir placarder sa plastique de rêve un peu partout au Québec? Certainement pas nous!

Ceci sans compter les multiples campagnes internationales, de Levi's à Diesel, ou pour les marques de sport italiennes Fila et Stone Island, pour lesquelles il a prêté son visage à la beauté classique et ses muscles sculptés façon nord-américaine. «Je n'ai pas le corps d'un mannequin européen.

La preuve? Je ne rentre pas dans du 28!» lance avec humour Félix, faisant office de géant des Flandres dans un monde peuplé de modèles filiformes depuis le règne de Hedi Slimane, ex-directeur artistique de Dior Homme.

À la question, comment devient-on mannequin? La réponse est immédiate. «En frappant à la porte d'une agence. Pour moi, ce fut chez Giovanni à Montréal, avec en main une photo prise par deux amies de ma grande soeur Noémie.»

Photo: Malina Corpadean, fournie par Bedo

Jean-François Leroux, ancien directeur de l'agence Giovanni, se souvient: «J'ai vu arriver ce jeune homme de 17 ans dont le charisme était évident. Il n'y avait aucun doute, il était fait pour ce métier et je dirais même plus, avec son type de physique, il était promis à une longue carrière!» La suite le prouve. Quelques jours plus tard, passeport en main, il s'envole pour Milan, la porte d'entrée obligatoire (pour un homme), histoire de faire ses premiers pas dans le métier, avec comme chaperon... sa maman.

«À 17 ans, tu as des rêves d'indépendance alors, quand ta mère t'annonce qu'elle t'accompagne, tu ne sautes pas de joie. Mais avec le recul, c'était formidable!» D'un premier défilé pour la marque italienne Alessandro Dell'Aqua, il enchaîne avec des essayages dans les show-rooms du couturier Alexander McQueen. Autant de noms prestigieux pour débarquer de plain-pied dans la profession. Puis, de Louis Vuitton à Paris, en passant par Lacoste à New York, sans oublier Hugo Boss, Dsquared, Iceberg, William Raft, Z Zegna, Etro, Diesel... Denis Gagnon ou encore Philippe Dubuc, Félix est partout et surtout aux quatre coins du monde.

«Devinez ce qui m'anime le plus dans tout cela? Ce sont les voyages!» Ce qui tombe d'autant mieux que le sculptural modèle hérite en la matière d'une passion familiale, à force de voir son père parcourir le globe afin d'y construire des serres hydroponiques. Félix a aussi vu l'un de ses sept frères et soeurs s'installer en Provence pour y diriger une ferme. On ne sera pas surpris d'apprendre de la bouche de Nadia Canova, son agent et directrice de l'agence Montage à Montréal que «ce qui différencie Félix de la grande majorité des mannequins, c'est sa liberté de penser et son incroyable personnalité, deux des clés pour réussir dans ce métier!»

Photo: fournie par SAAD

À ce sujet, tous les témoignages convergent.

De Mariouche Gagné pour Harricana à Katerina Jovicic, coordinatrice du marketing chez Rudsak, dont il est l'égérie depuis maintenant trois saisons, en passant par le photographe ontarien Mackensie Duncan, tous témoignent en choeur de son incroyable talent pour incarner un personnage en une fraction de seconde et cette incomparable façon qu'il a de magnifier le vêtement.

Modestement, Félix remercie ses parents de l'avoir inscrit à l'école Rudolf Steiner dans l'ouest de l'île, où pouvaient se déployer les vocations artistiques - établissement où est née sa passion pour le théâtre.

Bref, les qualificatifs s'enchaînent, toujours plus élogieux, mais le jeune Montréalais garde la tête froide même lorsqu'il cite les campagnes pour Levi's ou Diesel destinées à l'Europe, les séances photo pour le GQ italien en présence de Domenico et Stefano (de Dolce&Gabbana) ou le Men's Health allemand...

Photo: fournie par Harricana

«Voyez-vous, avec tout cela, je n'ai pas gagné le tiers de ce qu'une mannequin femme aurait pu gagner avec le même parcours. Côté salaire, j'ai mal choisi mon métier», glisse-t-il en souriant.

Eh oui, les mannequins stars, ça n'existe pas chez les hommes! Pas de Gisèle Bündchen, gagnant 30 millions de dollars par année, ou de Kate Moss au masculin.

Mais bon, pas de quoi paniquer, à 23 ans, Félix a du coffre et une longue carrière devant lui. Parmi ses multiples envies professionnelles, ponctuées de voyages, de rencontres, de rêve de devenir pilote d'avion, il caresse le désir d'incarner un jour un grand parfum, le summum pour un mannequin.

Toute raison gardée, il conclut sur cette pensée du Dalaï-Lama: «Les hommes perdent la santé pour gagner de l'argent, et qui, après, dépensent cet argent pour récupérer la santé. Moi, je veux en profiter!»

Photo: fournie par Magazine Zinc.