On croyait qu'il avait fait le tour de la question. Eh bien non. Après avoir creusé le sens caché de nos casseroles et de nos torchons, les usages du maillot de bain, même l'art de passer le balai, voilà que le sociologue français Jean-Claude Kaufmann s'attaque désormais à nos «sacoches».

Car croyez-le ou non, nos sacs à main et autres fourre-tout seraient, selon sa toute dernière enquête, rien de moins qu'un prolongement de nous-mêmes. De notre identité. De notre féminité. Et de notre maternité aussi. Bref, ce qui fait de nous des femmes, mesdames. Peut-être est-ce aussi pourquoi les hommes en ont si peur...

Vous souvenez-vous de la chanson de Renaud? «En cherchant les clés de l'auto, j'ai fouillé comme un salaud, dans ton sac (...) j'voulais connaître tes secrets, au risque de me manger quelques claques.»

C'est un peu pour percer tous ces secrets des sacs que Jean-Claude Kaufmann, prolifique sociologue du CNRS, a interrogé pas moins de 75 femmes dans son tout dernier essai: Le sac. Un petit monde d'amour, en librairie la semaine prochaine. Objectif? «Faire parler les sacs, écrit-il en guise d'introduction. Avec émotion, poésie, force et justesse. Évoquant l'amour et la mort, les basculements de l'existence, les angoisses et les passions, la douceur des peaux caressées, le bonheur des souvenirs enfouis. Et mille autres choses aussi extraordinaires et grandioses, qui se blottissaient bel et bien au creux du sac.»

Futile sujet? Détrompez-vous. Ainsi en font preuve les quelque 200 pages de témoignages et d'analyses, à l'intérieur desquelles le sociologue décortique cet appendice féminin sous toutes ses coutures (notant au passage que la mode du sac au masculin se fait toujours attendre): le sac fonctionnel ou au contraire «coup de foudre», rangé ou complètement bordélique (avec ses innombrables papiers, cailloux et autres souvenirs chargés d'émotions), contenant les indispensables (porte-monnaie, porte-clés), mais aussi les nécessaires (ces «au cas où», du Purell au chasse-taches, en passant par le bas nylon, le mascara, le mouchoir et le deuxième stylo, «au cas où» le premier lâcherait). Pas étonnant que le sac de la femme s'alourdisse sans cesse.

Sans cesse? Souvenez-vous du début du siècle dernier. La femme ne sortait alors avec un sac que le dimanche pour aller à la messe. Une petite pochette noire et plate. Plutôt minimaliste. Impersonnelle. De nos jours, le sac est «à l'image» de la femme: du coup, elles le choisissent avec soin, en le touchant, le caressant, ouvrant et rouvrant ses nombreuses pochettes. Pour quoi faire? Mais pour se projeter, s'imaginer en l'ayant au bras ou à l'épaule. Réfléchir à ce qu'elles y enfourneront, aussi.

C'est en fait surtout quand la femme devient mère que son sac s'alourdit. Sans entrer dans la question des «sacs à couches», Jean-Claude Kaufmann souligne à quel point les femmes se retrouvent alors chargées: doudous, tétines, cahiers à coloriages, biscuits écrasés, «dès que le ventre diminue, le sac se gonfle», observe-t-il.

Du coup, le sac se fait lourd. Au sens propre. Mais aussi figuré: lourd de toutes ces responsabilités familiales. Faudrait-il que les femmes s'en affranchissent? Mais comment le pourraient-elles? «Ils sont ancrés au coeur, elles les aiment trop. (...) D'ailleurs, dans les grandes années du féminisme militant, seuls les soutiens-gorge furent brûlés, pas les sacs. Oh non, pas les sacs!»

Jean-Claude Kaufmann. Le sac. Un petit monde d'amour. Éd. JC Lattès, 251 pages.

Videz-nous votre sac

Nous avons demandé à nos lectrices du blogue La mère blogue de nous vider littéralement leur sac. Voici ce qu'elles nous ont écrit:

Minniemouse

J'ai deux sacoches. Une pour quand je me promène avec mes enfants (une pitchounette de presque 3 ans et un petit coco de 3 mois) et l'autre pour quand je sors sans les enfants.

Avec les enfants: c'est un sac style sport qui se porte en bandoulière. Il contient typiquement: mouchoirs en paquets individuels, couches pour le petit et Pull-Ups pour la grande (on y travaille!), lingettes humides, tapis de change, collation, clés, cellulaire, portefeuille, serviettes hygiéniques (au cas où), Purel, crayon, gomme à mâcher, appareil-photo. Si la sortie peut durer plus d'une heure ou deux, j'apporte le sac à couches, là, on parle de tout le tralala!

Sans les enfants: sac en cuir rouge qui se porte en bandoulière. Il contient typiquement: portefeuille, clés, cellulaire, iPod, serviette hygiénique, gomme à mâcher, mouchoirs en paquets individuels, crayon. Parfois mon appareil-photo.

Aniani

Je pense ne pas être une vraie fille... À part mon portefeuille, mon cellulaire et des vieux reçus et factures tout taponnés dans le fond de mon sac (peut-être des tampons, aussi vieux), je n'ai rien du tout. Je pense que je vais même abandonner l'idée de la sacoche, pour le peu qu'elle me sert. C'est fou comment les femmes ne sont pas capables de sortir allégées!

Cannibalcupcake

Je suis une fanatique des sacs à main. J'en ai plusieurs, je le change parfois pour certaines occasions, étant donné que ma grosse Bertha (celui qui me sert de sac d'école + sacoche) est encombrante! Donc, dans mon sac à main, on trouve:

- portefeuille;

- trousse de maquillage; - agenda;

- cahier de croquis (j'étudie présentement en arts visuels, donc c'est un indispensable!);

- cahier de notes (un peu à la manière d'un journal intime. Ça me permet de me vider l'coeur quand je vis des frustrations (particulièrement au travail!);

- coffre à crayons;

- revue;

- petit sac Ziploc avec des mouchoirs;

- pots de vernis à ongles oubliés là par mégarde;

- Purell;

- Diva Cup et serviettes sanitaires;

- prospectus d'expos, de shows, etc.;

- paquet de gomme;

- parfum;

- barre tendre, des craque- lins, des noix, n'importe quoi à grignoter, bref!;

- carte Opus;

- carte d'employée;

- lecteur MP3;

- brosse à cheveux portative;

- cellulaire;

- cahiers de notes de cours, mes livres de lectures obligatoires;

- pinceaux, tubes d'acryli- ques et autres accessoires relatifs à mon champ

d'études;

- lunch;

- pot de Tylenol;

- clefs de mon chez-moi.

Bref, j'ai mal au dos la plupart du temps!

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