Le styliste britannique John Galliano, accusé d'avoir tenu des propos antisémites et racistes, a présenté ses excuses mercredi pour «sa conduite» qui a pu «choquer», mais a nié tout antisémitisme, dans un communiqué publié à Londres par ses avocats.

«Depuis les évènements de jeudi soir dernier, je n'ai pu m'exprimer publiquement sur ce qui s'est passé, suivant l'avis de mon avocat français. Mais (...) je dois éclaircir ma position», explique le styliste dans ce communiqué.

«Je nie totalement les accusations portées contre moi et j'ai coopéré pleinement avec les enquêteurs», poursuit John Galliano.

«L'antisémitisme et le racisme n'ont pas de place dans notre société. Je présente mes excuses sans réserve si ma conduite a pu choquer», ajoute-t-il. «Toute ma vie, je me suis battu contre les préjugés, l'intolérance et les discriminations, auxquels j'ai moi-même été confronté».

L'affaire a commencé jeudi soir par une altercation entre le styliste et un couple dans un café à la mode du quartier du Marais à Paris, près de son domicile. Interpellé en état d'ébriété, le directeur artistique de Dior est accusé d'avoir proféré des propos racistes et antisémites.

Il a porté plainte pour diffamation.

Mais une vidéo a été diffusée sur internet par le journal populaire à grand tirage anglais The Sun, dans laquelle on voit John Galliano lancer: «J'adore Hitler. (...) Des personnes comme vous seraient mortes. Vos mères, vos pères seraient tous des putains de gazés». Selon le Sun, la scène, filmée dans le même café que celui où l'altercation a eu lieu jeudi, date de décembre.

«Un certain nombre de témoins indépendants ont apporté des preuves et dit à la police que j'avais été la cible de harcèlement verbal et d'une agression gratuite de la part d'un individu qui a essayé de me frapper avec une chaise après s'être offusqué de mon regard et de ma tenue», rétorque le créateur dans le communiqué. «C'est pourquoi j'ai entamé une procédure en justice pour diffamation et menaces».

«Toutefois, je reconnais tout à fait que les accusations portées contre moi ont grandement choqué et blessé certaines personnes», en regrettant de s'être montré «sous le jour le plus noir». «Je suis le seul à blâmer et je sais que je dois faire face à mes propres échecs et que je dois travailler dur pour gagner la compréhension et la compassion des gens».

La maison de couture française Dior a annoncé mardi qu'elle allait se séparer de son styliste vedette.

Devant la justice

Le styliste britannique comparaîtra pour injure raciale au deuxième trimestre 2011 devant le tribunal correctionnel de Paris.

«A l'issue de l'enquête (...), le parquet de Paris fait savoir qu'il a décidé de poursuivre John Galliano par voie de citation directe devant le tribunal correctionnel du chef d'injures publiques envers des particuliers à raison de leur origine, de leur appartenance à une religion (...) proférées à l'encontre de trois victimes», selon le communiqué.

Le styliste britannique pourrait être jugé au deuxième trimestre 2001, a précisé le parquet. Il risque 6 mois de prison et 22 500 euros d'amende.