De la Semaine de la mode de Londres, on attend toujours de la créativité débridée, des excentricités stylistiques, des talents émergents... Il faut dire que nombre de créateurs (John Galliano, Alexander McQueen, Gareth Pugh...), à peine sortis du prestigieux collège Saint Martins, s'y sont illustrés. Londres, c'est encore tout cela, mais c'est aussi des poids lourds de la mode et des défilés plus commerciaux. Drôle de mélange des genres.

Les jeunes talents à retenir absolument

Le jeune Montréalais Thomas Tait est un vrai livre des records à lui tout seul. L'an dernier, il est devenu le plus jeune designer à terminer le programme de maîtrise en mode pour femmes du réputé collège londonien Central Saint Martins, et a remporté le tout premier Dorchester Collection Fashion Prize. À 23 ans, il revient avec une deuxième collection (très attendue) composée de 20 silhouettes coupées au cordeau et magnifiquement architecturées.

Essentiellement noire, ivoire et bleue marine, cette garde-robe hivernale est totalement enthousiasmante, à l'image de ces manteaux aux épaules arrondies, et de ces pantalons cigarette, surgissant d'une jupe longue en laine découpée en deux pans. Michael van der Ham, le jeune créateur hollandais, défile aussi pour la deuxième fois (en solo) et poursuit sa recherche sur les collages amorcée au printemps dernier, qui lui a valu l'attention des éditrices de mode du monde entier. Cette fois-ci, il s'amuse à assembler empiècements de tissus de couleurs différentes, soie, plumes et velours ras, pour un rendu parfois discutable, mais souvent intéressant.

David Koma, lui aussi diplômé de Saint Martins en 2009, a séduit dès sa sortie de l'école les plus grandes stars du monde: de Lady Gaga à Beyoncé en passant par Rihanna. Rien d'étonnant à ce que la première dame d'Angleterre, Samantha Cameron, fasse partie de l'assemblée. Verdict? Les mini robes en jersey couvertes de pastilles de cuir y sont tout à fait réjouissantes, tout autant que celles réalisées avec les imprimés créés à partir des oeuvres du photographe Oleg Dou, sans oublier le travail du cuir orné, par petites touches, de pompons (colorés) en fourrure. Mary Katrantzou, elle aussi, n'en est pas à son premier coup d'essai, et réalise un véritable tour de force avec ce cru hivernal saturé d'imprimés. Et pourtant, ce n'est jamais trop. On ne se lasse pas de ces courtes robes (inspirées, de près ou de loin, des collections d'Alexander McQueen), véritables références au costume XIXe siècle, et souvent proches de la haute couture. Voilà autant de noms à retenir absolument.

Poids lourds de la mode et succès commerciaux

Chez Paul Smith, les filles, sans une once de maquillage et cheveux décoiffés, empruntent tous les basiques à leurs fiancés (étudiants): de la chemise bleu ciel au pantalon de flanelle gris à rayures banquier, jusqu'au cardigan. Et il faut l'avouer, c'est particulièrement réussi. Pour la ligne Burberry Prorsum, Christopher Bailey opère un retour aussi très réussi du côté des années 60, à l'image de ces pantalons en tweed ou chevrons olive en version «patte d'éléphant» portés avec des vestes d'officier.

Lorsqu'il s'agit de revisiter le trench, il déborde d'imagination, et ça tombe bien: c'est la signature de la marque. L'hiver prochain, il le décline en version assez étroite et gansée de cuir noir. Le tout est à la fois délicieusement rétro et dans le coup. Du côté de chez Vivienne Westwood Red Label, la reine de la «Punk Couture» semble avoir passé pas mal de temps dans le quartier londonien de Portobello (celui des marchés aux puces) avant de délivrer une ligne éclectique et sans grande ligne directrice. On retiendra, ici ou là, un manteau ou un pantalon aux coupes impeccables. Matthew Williamson, projeté sous les feux de la rampe grâce sa collection capsule pour H&M en 2009, continue à rallier les «jet-setteuses.»

Le designer leur dessine des silhouettes sur mesure pour traîner de Marrakech à Ibiza, comme ce pantalon slim en cuir porté avec une veste patchwork ornée de fourrure, ou cette jupe portefeuille courte en cuir matelassé. La marque suédoise Jonny Johansson pour Acne (vraie réussite commerciale) propose des modèles extrêmement séduisants qui pourraient avoir pour sous-titre «garde-robe ultra cool pour petits budgets». Un perfecto sans manches au volume «loose» en cuir bois de rose, une salopette (de cuir encore) bordeaux, ou encore un pantalon court en patchwork de cuir métallisé or et argent en sont les illustrations parfaites.