Entre le «dandysme chic» de Lanvin et le look «motard rock'n'roll» de Rynshu, l'homme de l'automne-hiver prochain pourra à loisir jouer sur plusieurs tableaux, comme l'ont prouvé dimanche les derniers défilés parisiens de mode masculine.

Chez Lanvin, le styliste néerlandais Lucas Ossendrijver, épaulé par le directeur artistique maison Alber Elbaz, a redéfini le style dandy parisien avec un vestiaire à dominante gris anthracite, faisant la part belle aux longs manteaux, aux paletots et aux costumes croisés de laine. L'homme Lanvin porte même sous sa chemise un sous-pull assorti dont le col roulé est déplié jusque sous le menton.

Rares touches colorées de cette collection, une seyante veste à épaulettes framboise écrasée portée sur un cardigan col ras à zip, ou une autre veste à bouton unique en soie poudrée jaune d'or, sur un pull col rond de jersey de laine bouton d'or.

Comme toujours, les détails «dandy» foisonnent, depuis les noeuds papillon mous jusqu'aux cravatés hybrides mêlant soie et maille, en passant par les fermetures de vestes à aimants. Même diversité pour les chaussures, entre sneakers sophistiquées et sobres mocassins à glands de croco, ou pour les chapeaux mous à larges bords.

Rare créateur japonais dont la marque est basée à Paris, où il défile depuis plus de 20 ans, Rynshu (anciennement Masatomo) a voulu faire du noir une couleur à part entière. Noirs profonds, perlés, satinés ou jais: ils sont omniprésents et servent à point un des codes maison, soit une nouvelle variation sur le thème du «motard rock'n'roll» chaussé de paraboots.

Autre savoir-faire typiquement Rynshu: le travail sur les matières techniques, qu'il marie aux cuirs et aux jerseys de laine plus classiques. Il opte aussi pour les viscoses très fins et les twills de soie, les soies naturelles ou les mélanges de coton et polyesters travaillés en motif armadillo cousus à l'envers, dans des camaïeux de noirs.

Reprenant à son compte une tradition japonaise des années 1950 qui consistait à coudre, cachées, des images coquines à l'intérieur des kimonos traditionnels, le créateur sort du placard les pin-up en noir et blanc et les plaque, numérisées, sur le dos des blousons argent ou sur les tops et les chemises.

Pour la première fois, le créateur présente aussi quelques silhouettes féminines, dont une motarde emblématique aux épaules pointues, annonçant sous peu une ligne féminine complète.

Militant d'un «tribalisme futuriste», le jeune émirati Khalid Al-Qasimi, formé à Londres, a, lui, opté pour sa quatrième collection pour une ligne plus virile, voire martiale.

L'homme Qasimi fait appel aux matières brutes que sont le cuir ou la fourrure, mais aussi à la laine d'agneau et les cotons «caoutchoutés».

Des costumes «slim» chevron alternent avec des vestes de motard, des doudounes à cols hauts, des bombardiers et des vestes de chasse. L'homme Qasimi se pare aussi le cou d'une écharpe de lapin ou porte une étole en maille réfléchissant la lumière.

Le travail précis des cuirs et cuirs «stretch» dans les tons automnaux - chocolat, beige ou noir -, mettent en valeur les ensembles blousons pantalons très près du corps. Ceux-ci contrastent avec les pièces incontournables- de la saison, à savoir les manteaux «overszise» parfois rehaussés de «neckwear», ces accessoires amovibles protégeant le cou des vents d'hiver.