Vous ne connaissez pas Mulcair? C'est normal. La nouvelle griffe montréalaise en est à sa première collection publique (les précédentes n'étaient vendues qu'à des amies de la designer). Pour l'instant, une seule boutique, la toute nouvelle George&Jane, sur le boulevard Saint-Laurent, vend les créations de Juliana Bennett. On peut aussi les acheter en ligne.

Ce qui frappe le plus, lorsqu'on regarde le premier catalogue de Mulcair, c'est le professionnalisme et la maîtrise d'une esthétique simple, épurée et efficace. La collection automne-hiver 2010-2011 tourne autour des it girls du moment, pour la plupart des actrices. Les tenues portent par exemple les noms The Sevigny, The Winslet, The Miller, The Paltrow, The Beckham et The Gainsbourg.

«Ce sont des figures féminines dont j'apprécie le style. En tant que designer, j'aime l'idée que mes clientes s'approprient mes vêtements pour inventer leur propre style. La collection automne-hiver est à la fois masculine, utilitaire et sexy.»

Juliana Bennett, 27 ans, a grandi à Montréal dans un univers de gars. «J'ai deux grands frères et je pense que ça a contribué à la création d'un style un peu masculin dans mes vêtements.»

Ses parents, tous deux anglophones, ont fortement insisté pour que leurs enfants apprennent le français, allant jusqu'à déménager à Paris pendant un an et demi pour s'assurer de bien inculquer le «bon parler» à leur progéniture. Juliana avait 8 ans à l'époque. Elle s'en souvient comme une des plus belles années de sa vie.

Jeune fille, la designer en herbe passait son temps à dessiner. Mais pas des fleurs et des maisons. Elle créait sur papier des tenues vestimentaires destinées à ses petites copines. Au lieu de jouer à la poupée, elle se servait de ses amies comme mannequins et les habillait, à leur plus grand plaisir. La troupe de théâtre de son école a bien sûr bénéficié de son talent émergent.

Quand est venu le temps de recevoir une formation sérieuse en design de mode, Juliana n'est pas retournée à Paris, mais a plutôt mis le cap sur New York, où elle a étudié à l'école de design Parsons. Après un stage chez Sonia Rykiel, elle a parfait son apprentissage comme stagiaire chez Vena Cava, jeune griffe new-yorkaise de plus en plus connue (offerte à Montréal sur sssense.com) dont les designers, Sophie Buhai and Lisa Mayock, ont également étudié à Parsons.

«J'étais leur première stagiaire. L'atmosphère était très intime et agréable. Ça a été une excellente expérience pour moi. J'ai contribué à leurs premières collections et ça m'a permis de participer à toutes les étapes de production. J'ai vu ce que c'était que de démarrer une entreprise de mode.»

Au terme de cette expérience, la jeune femme était fin prête à mettre au monde sa propre griffe... à Montréal. Elle l'a baptisée Mulcair, en hommage à sa grand-mère, dont les oncles étaient d'ailleurs tailleurs dans la métropole. Leur entreprise s'appelait les Mulcair Brothers.

«Pour moi, c'était clair que je reviendrais m'installer à Montréal pour travailler. J'adore New York, mais je me sens beaucoup plus créative chez moi. J'ai besoin de calme. À New York, je me sens trop influencée par la mode de rue. J'ai peur de reproduire plutôt que de créer.»

Cela dit, elle aimerait bien un jour faire un défilé dans la Grosse Pomme et vendre sa collection dans les boutiques les plus en vue. Elle reste toutefois consciente qu'il ne faut pas brûler d'étapes. En se donnant par exemple deux collections pour expérimenter avant d'offrir ses vêtements en magasin, elle a pu faire ses erreurs de débutante dans la plus grande confidentialité. Puis, satisfaite par ses créations automnales 2010, par la qualité des matières et du design, elle a décidé de se lancer.

«J'ai mis du temps avant de trouver des tissus qui me plaisaient, d'autant plus que j'essaie d'utiliser des matières biologiques ou du moins conçues de manière durable. Ce n'est pas quelque chose que je veux publiciser à tout prix, puisque j'ai un peu peur de l'étiquette qui accompagne les écodesigners. C'est un choix personnel. L'industrie de la mode est une des plus gaspilleuses et polluantes. J'ai envie de faire ma part, mais c'est quand même la qualité et la beauté du produit qui priment sur le reste.»

Accompagnée au développement commercial par son conjoint Jaff Ray, ce qui lui permet de se concentrer sur ce qui l'intéresse le plus, le design, Juliana se prépare pour une rentrée qu'elle espère remarquée. Et pour avoir feuilleté en primeur le catalogue de la collection printemps-été 2011, on peut vous dire que c'est très bien parti.

Pour plus d'infos et pour magasiner en ligne: mulcair.com