De l'homme brun, costume-cravate, un brin macho, à l'homme rose, baba cool, tendre et doux, toujours prêt à tout, la virilité a bien évolué au fil des années. Une nouvelle exposition s'est donné un défi de taille: cataloguer les différents types d'hommes en 10 couleurs. Le critère: le style vestimentaire.

Et vous, messieurs, êtes-vous plutôt de type brun, bleu, rouge, ou carrément pourpre?

C'est connu, les sociologues, publicitaires et autres journalistes aiment bien tout cataloguer. Forcément, c'est cliché. Stéréotypé. Mais pourquoi se priver, si c'est d'abord pour s'amuser, tout en réfléchissant et en bousculant quelques idées?

 

C'est un peu la réflexion que s'est faite le Musée de la femme, qui propose, ironiquement, une exposition sur... l'homme. «C'est parce que dans les soirées de filles, on parle beaucoup de nos hommes, se justifie en riant Lydie Olga Ntap, directrice générale du petit musée de Longueuil. La grande question qu'on se pose toutes: que sont devenus nos hommes?»

Il est vrai que quand on regarde des photos d'époque, disons de 1900, des hommes en costume trois pièces, la cigarette au bec, la cravate invariablement nouée autour du cou, et qu'on les compare aux jeunes androgynes qui défilent ces jours-ci sur tous les podiums, tantôt en jupe, tantôt carrément en talons, l'évolution est sans équivoque. Surprenante, à la limite troublante. Mais où donc est passée la sacro-sainte cravate?

L'histoire selon le point de vue des femmes

Musée de la femme oblige, l'évolution est ici analysée sous l'angle historique «des gains des femmes», résume la directrice générale. Ainsi, le premier homme «brun» (années 1900, même s'il en existe encore plusieurs spécimens aujourd'hui) porte le pantalon à pinces, le chandail polo. «C'est l'homme qui n'a pas bougé, malgré l'évolution des femmes. Il est fixé dans le temps. Pour lui, une femme est une femme à la maison.» L'homme «gris» (1920) tente de se décoincer un peu (en déboutonnant son col), mais n'arrive pas à se décontracter.

Diversité des styles

Arrive l'homme «blanc» (1940), professionnel et bon chic bon genre, très axé sur sa carrière, et un poil «transparent» dans les chaumières. Puis le fameux homme «bleu» (1950), «masculin de base, fan de Buffalo Bill», à qui a succédé l'homme «rose» (1960), tendre et à l'écoute, qu'on a fini par trouver «mou». Et puis les 30 dernières années ont vu apparaître les hommes «jaunes» (d'ex-hippies), noirs (toujours en noir), verts (et granos), et surtout «rouges» («le bon gars, décontracté», qui ne nie pas sa virilité et ose la chemise fuchsia) et enfin «pourpres». Gai ou hétéro, c'est l'homme «actuel», qui ose toutes les modes, vole la jupe de sa copine, voire son string.

«Mon hypothèse, c'est que l'évolution des femmes a déteint sur les hommes, avance Lydie Olga Ntap. Et peut-être y a-t-il une révolution masculine souterraine.» L'exposition pose d'ailleurs la question: les hommes revendiquent-ils maintenant un droit à la féminité?

Hommes sous influence au Musée de la femme de Longueuil. Jusqu'à la mi-septembre. Info: www.museedelafemme.qc.ca

>> Et vous, quel type d'homme êtes-vous? Répondez à notre questionnaire.