Les plus belles robes de soirée de Balenciaga, Givenchy et Venet, dont le célèbre décolleté d'Audrey Hepburn dans «Diamants sur canapé», sont exposées au château d'Haroué en France, certaines pièces n'ayant encore jamais été visibles au grand public.

Les quarante-deux robes balaient plus de trente ans de haute-couture, sous l'égide du maître Cristobal Balenciaga, pour lequel Givenchy et Venet ont toujours revendiqué une admiration et une certaine forme d'inspiration, voire de filiation.

Sous les imposants lustres Baccarat du château, les visiteurs découvrent d'abord la robe de mariage de la reine Fabiola de Belgique, dont l'hermine rappelle que les noces furent célébrées au mois de décembre, alors que l'impressionnante traîne de 37 mètres de vison blanc confère au vêtement un caractère indéniablement royal.

«C'est la première fois qu'on peut revoir cette robe depuis le mariage, en 1960», confirme la propriétaire du château, Minnie de Beauvau-Craon, nostalgique d'une certaine époque «du beau, quand la mode était l'affaire d'artistes et non de financiers».

Autres stars de l'exposition, la robe et le manteau du soir en zibeline blanc crème Givenchy, portés par Jackie Kennedy à Versailles à la soirée donnée par le général de Gaulle, en 1961, font également particulièrement sensation.

Mais c'est surtout la petite robe noire Givenchy d'Audrey Hepburn, l'un des décolletés de dos les plus célèbres du cinéma pour avoir été immortalisé dans «Diamants sur canapé» («Breakfast at Tiffany's», 1962), qui crée l'événement.

Dans le salon de l'exposition consacré à Hubert de Givenchy - lequel est l'initiateur de la manifestation -, la légendaire robe, à la sobriété immédiatement reconnaissable, répond en clin d'oeil à l'éclat d'une robe ornée d'une centaines de cristaux Swarovsky, exposée à l'autre bout de la pièce.

«Toutes les créations ont été faites à la main, avec un souci du détail, de la précision, quand les ateliers comptaient à l'époque jusqu'à 450 couturières», souligne la maîtresse des lieux.

Dans ce château construit entre 1720 et 1742 pour Marc de Beauvau-Craon, vice-roi de Toscane, les lustres à pampille et les tableaux de Louis XVIII côtoient également des créations davantage contemporaines, qui illustrent la mode des années 90.

Celle-ci est notamment incarnée par une robe noire Givenchy à l'échancrure provocante, popularisée par Jerry Hall, ou les flamboyants drapés colorés de Philippe Venet.

«Venet est plus discret, mais il est vraiment connu pour faire les plus belles coupes», insiste Minnie de Beauvau-Craon, qui a voulu «montrer, à travers l'exposition, les identités propres des trois créateurs».

«Même si Balenciaga a été le maître des deux autres, ils ont évolué différemment, ils ont chacun leur façon de voir la mode», estime-t-elle, en constatant qu'ils ont «tous les trois su embellir la femme, avec de la vraie haute-couture, qui donne envie».

L'exposition est visible jusqu'au 17 août, tous les après-midi.