Fleur fraîche en ras de cou, salamandre pailletée ou papillon dentelle sur poignet gracile, tatouage-décalcomanie au creux du genou : les bijoux éphémères, d'une durée de vie de quelques jours voire quelques heures, renouvellent le luxe à l'infini.

«Les bijoux en fleurs fraîches participent d'une logique : comme dans l'amour, le pardon, l'attention, ce sont des messages intimes que l'on répète. À chaque fois un moment unique pour une femme unique», explique Guillemette Osburg, 33 ans, directrice marketing d'Aquarelle (www.aquarelle.com), une société de vente de fleurs née en 1987, qui travaille surtout par Internet, et dont les idées innovantes ont séduit une clientèle européenne.

Si les bijoux-fleurs sont surtout portés à l'occasion des mariages, ils répondent de plus en plus à un désir d'originalité de la part de celles qui les arborent, quelles que soient la saison, la réception ou l'occasion.

Orchidées blanches tigrées ras-du-cou, collier écharpe en calla, des calices sombres proches des arums : la collection créée par Virginie Bontout se décline à l'infini. Colliers, bracelets, broches, bagues (de 34$ à 53$) associent les fleurs fraîches aux perles, à l'eucalyptus, aux baies de poivre rose, aux noyaux de litchi dans des créations qui ne durent que quelques heures, «le summum du luxe», estime Guillemette Osburg.

Pendant occidental du bindi indien ou du tatouage au henné, le bijou éphémère, qu'on colle sur la peau et renouvelable à l'envi, inspire depuis longtemps couturiers et créateurs dans leurs défilés, mais ils sont plus rares à le commercialiser.

Chanel donne le la cette année et propose à la vente depuis début mars des tatouages-maquillage «Trompes-L'oeil», vendus par planche de cinq au prix de 75$.

Nés d'une idée de Karl Lagerfeld à l'occasion des défilés printemps-été 2010, explique la grande maison, ces tatouages-décalcomanies, à poser sur le corps et dans les tons noir, chair et beige, imitent à la perfection de vraies chaînes, perles et éléments naturels : bouquets de fleurs des champs ou hirondelles retenant un sautoir de leur bec, «clin d'oeil aux paravents de Coromandel chers à Coco Chanel».

Créés par Peter Philips, directeur international de la création maquillage de Chanel, ils invitent à la rêverie et «annoncent l'arrivée du printemps», explique le créateur.

«La liberté d'utilisation des bijoux éphémères est extraordinaire», commente Hélène Robin, directrice de Karnyx, un des précurseurs à la fin des années 90.

«Ils ne pèsent rien, contrairement aux bijoux précieux, témoins d'un héritage familial et qu'on craint de perdre. On les porte sur le bras, les cheveux, au revers d'une veste, au coin des yeux...C'est magique», ajoute la créatrice qui utilise le cristal Swarovski et la dentelle de Calais.

Ses créations, très proches de la nature et qui mettent en scène nombre d'insectes et de reptiles, sont vendues dans son atelier du Marais à Paris (de 12$ à 273$), dans les instituts de beauté, salons de coiffure, boutiques de mariage et certains espaces bijouterie de galeries marchandes.

«Ce besoin de parer le corps est universel. En occident cela correspond à une nouvelle façon d'affirmer son identité», résume-t-elle.

Après avoir travaillé chez Dior et Yves Saint Laurent, Ines de Castilho a développé de son côté une collection de bijoux éphémères particulièrement raffinés et sophistiqués, s'inspirant notamment des ferronneries de l'école Boulle et d'arabesques «style Empire» (de 17$ à 68$).