Vous êtes plutôt du genre talon aiguille ou sandale plate? Soulier de course ou botte tout terrain? Et si derrière toute femme, il y avait une chaussure? Une trentaine de personnalités se sont prêtées au jeu pour l'exposition Le rêve aux pieds.

Dis-moi ce que tu chausses, je te dirai qui tu es. C'est l'hypothèse qu'avance le Musée de la femme de Longueuil dans une exposition fascinante sur la chaussure, afin de marquer de façon originale les 10 ans de la Marche mondiale des femmes.

 

De quoi s'agit-il? De souliers, en fait. Tout simplement. Mais pas des souliers de n'importe qui. Et surtout: pas n'importe lesquels.

«On est partis de la relation psychanalytique que les femmes ont avec leurs chaussures, explique Lydie Olga Ntap, directrice générale du musée. Pourquoi on s'attache tant à nos chaussures?» Pour répondre à cette existentielle question, elle a invité une trentaine de personnalités à lui céder sa paire de chaussures la plus chère (dans le sens de précieuse, et non coûteuse, quoique l'un aille malheureusement souvent avec l'autre...).

Résultat? On découvre ici les souliers de noce de Denise Bombardier (qu'elle n'a jamais remis, sauf pour fêter ses sept ans de mariage), les talons sages de Sophie Thibault (signés Amalfi, marque fétiche de sa mère décédée), les sandales à talons tissées et très colorées de Marie-France Bazzo (parce qu'«on ne dira jamais assez de bien des talons hauts, vraiment hauts»), les talons en métal ronds de Pauline Marois («le côté éclaté de ma personnalité»), les souliers de princesse de Louise Harel (malheureusement jamais portés: «La vie va trop vite pour être la Belle au bois dormant»), les pantoufles de la petite fille de Claudette Carbonneau («Parce que la lutte pour l'égalité est une course à relais»), les Prada léopards de Julie Snyder (avant la naissance de son fils et qu'elle ne s'assagisse: «Aujourd'hui, je ferais un autre choix») et puis les premiers talons hauts de Stéphanie Lapointe, portés sur les planches de Star Académie, jumelés à ses bottes, achetées pour escalader le Kilimandjaro («J'aime les oppositions (...). J'aime penser que l'on ne saisit jamais les gens en entier»). Entres autres souliers, se trouvent aussi ceux de Françoise David, de Sophie Langlois, de Laure Waridel, et, le clou de l'expo, les talons très, très hauts et décorés main de Mado Lamothe.

Il faut dire que la relation particulière entre la féminité et le soulier ne date pas d'hier. «Dans la mythologie grecque, le pied est le symbole du sexe masculin, et la chaussure, celui de la féminité», rapporte Lydie Olga Ntap. L'expo dresse aussi un bref historique des grands moments de l'histoire de la chaussure, des affreux souliers de lotus chinois (pour lesquels les fillettes devaient se bander les pieds, finalement interdits en 1949) aux stilettos, en passant par les bottes des suffragettes, le talon aiguille (né dans les années 50) et les sandales plates (ressuscitées en 1960, en réaction aux talons). Longtemps associé par les féministes à la femme-objet, le talon aiguille fait un retour en force depuis plus de 10 ans. «Et si c'était l'expression assumée de la féminité?» propose l'exposition, en guise d'explication.

L'exposition Le rêve aux pieds se transporte la semaine prochaine chez Holt Renfrew (du 31 au 9 avril). Un catalogue sera lancé pour l'occasion. De retour ensuite au Musée de la femme, à Longueuil, jusqu'au 30 avril.