La maison-mère de Calvin Klein a racheté lundi la griffe Tommy Hilfiger à un fonds d'investissement, près du double du prix auquel il l'avait acquise fin 2005, donnant ainsi naissance à un nouveau géant de la mode, et confirmant le dégel du marché des fusions-acquisitions.

Le fonds d'investissement britannique Apax Partners a annoncé ce lundi la vente de la célèbre marque, qu'il avait acquise fin 2005 pour 1,6 milliard de dollars, à la société américaine Philips-Van Heusen (PVH), pour 3 milliards de dollars (environ 2,2 milliards d'euros).PVH comptait déjà dans son escarcelle, en propre ou en franchise, Calvin Klein, rachetée en 2002, mais aussi des marques comme DKNY et Timberland. Mais il ne pesait que 2,4 milliards de dollars en Bourse. Cette acquisition va en faire «l'un des groupes les plus grands et les plus rentables» du secteur de la mode, selon le groupe américain.

PVH veut profiter du vaste réseau de distribution internationale de Hilfiger pour étendre dans le monde entier certaines de ses marques peu connues en dehors des «shopping mall» américains. Il espère également récolter d'importantes économies, et prévoit un effet positif «immédiat» sur ses résultats financiers, hors frais d'intégration.

Tommy Hilfiger a été fondée en 1984 par le designer new-yorkais éponyme. En un quart de siècle, la marque au positionnement haut de gamme est devenue, à l'instar de Ralph Lauren, un symbole du «sportswear chic» (polos colorés, pulls en laine, accessoires siglés...), évocatrice d'un style de vie fleurant bon l'élite de la Nouvelle-Angleterre.

La marque avait accédé à la célébrité dans les années 90 en surfant sur la mode hip-hop. Elle avait connu la consécration ultime en entrant à la Bourse de New York en 1992.

Mais après un pic au début des années 2000, avec un chiffre d'affaires frôlant les deux milliards de dollars, la marque avait subi un revers de fortune. Face à un déclin brutal de ses ventes, elle s'était vendue fin 2005 à Apax.

Depuis, le fonds britannique a redressé les comptes, en signant notamment un accord de distribution exclusive aux Etats-Unis avec les grands magasins Macy's, et en étoffant les canaux de diffusion à l'étranger. Hilfiger devrait enregistrer 2,25 milliards de dollars de ventes sur l'exercice qui s'achève à la fin du mois, et compte désormais plus de 1.000 magasins.

Cette acquisition constitue de la part de PVH un signe de confiance pour un secteur de la mode qui a fortement souffert de la récession, comme l'ont illustré récemment les déboires de la maison de haute couture Christian Lacroix, ou, dans le prêt-à-porter, ceux du groupe allemand Escada.

Contrairement à ses habitudes, Apax a d'ailleurs accepté d'être payé en partie en actions par PVH, dont il détiendra environ 13% du capital.

Cette cession représente aussi la plus importante transaction négociée par Apax depuis le printemps 2007, et confirme le dégel du marché des fusions-acquisitions, qui avait été quasi-complètement paralysé par la crise du crédit de 2007 à 2009.

Apax, qui nourrissait en 2007 le projet d'introduire Tommy Hilfiger à la Bourse d'Amsterdam, avait ainsi dû y renoncer début 2008, faute d'acheteur pour la marque. Et sa dernière opération d'ampleur était la vente des supermarchés britanniques Somerfield, bouclée en mars 2009 pour environ deux milliards d'euros.