Lunettes «chat», chignons portés haut et cerclés d'un serre-tête en tricot, petits manteaux trois-quarts, jupes évasées, robes de cocktail longueur genoux, pulls torsadés, escarpins à bout très pointu...

La semaine dernière, à Milan, la très influente et visionnaire Miuccia Prada a fait défiler une série de «super» secrétaires rétro au style à la fois strict, féminin et sexy...

 

La prêtresse de la mode aurait-elle suivi assidûment la série Mad Men, qui se déroule dans le New York du début des années 60?

Une chose est sûre, la femme de l'automne-hiver 2010-2011 imaginée par la designer italienne possède l'allure impeccable d'une égérie d'Hitchcock. Surtout, elle préfère les vêtements parfaitement coupés et faciles à porter plutôt que ceux hyper moulants et décolletés, façon pin up pour clips hip-hop.

Moins de flafla, plus de pièces bien structurées et de matières intemporelles, comme le tweed, le plaid, le cachemire et la flanelle feutrée.

Ce retour aux vêtements qui «avantagent» le corps de la femme était d'ailleurs une des tendances fortes de la Semaine de mode de Milan, qui s'est terminée le 1er mars.

Plutôt que de montrer du tape-à-l'oeil, les designers se sont concentrés sur le «produit», atteste Vanessa Friedman, du Financial Times.

«Ce qui me frappe le plus cette saison, c'est l'allure très «lady» des collections remplies de belles pièces qui auront beaucoup de succès auprès des femmes de 25 ans et plus», enchaîne le rédacteur en chef mode des magazines ELLE Québec et ELLE Canada, Denis Desro, lui aussi présent à Milan.

Certains observateurs ont d'ailleurs qualifié cette saison milanaise de très «commerciale».

«On sent effectivement une volonté très nette de la part des designers de plaire à la consommatrice et, surtout, de vendre, pour ainsi se sortir au plus vite de la récession», explique Denis Desro.

De toute façon, diront les consommatrices et les commerçants, qui désire (vraiment) une mode importable et invendable?

L'art de séduire

Sous l'austérité de la collection Prada influencée par les années 50 et 60 se cache une bonne dose de sex-appeal. À preuve, ses robes à taille haute sont volontairement ornées d'un bouquet de jolis volants au niveau de la poitrine. Impossible, donc, de ne pas la «contempler». Autrement, des seins pointus sont créés grâce à un jeu précis de découpes. Mieux, lors du défilé, cette sensualité a été amplifiée par les courbes naturelles de certains top modèles, dont Lara Stone et Doutzen Kroes.

Enfin, tout ce travail sur l'esprit «vintage» de la mode - que Prada avait déjà entamé dans les années 90 - a donné quelques bonnes trouvailles. Exemples: des vestes à double col, l'un en fourrure, l'autre en tricot. Aussi: des chaussettes et des collants de laine avec, parfois, des torsades devant, des sacs à main tricotés, des couleurs et des motifs, façon éraillée, au charme discret et l'effet magnifiquement ciré de certains vêtements.

Bref, une collection à la fois très habillée, féminine et parfaitement... sexy!