Le jean délavé et griffé reste dominant, selon des professionnels du denim réunis la semaine dernière près de Paris, mais il se pare aussi de vertus écologiques ou de bien-être, comme un nouveau jean thermo-régulateur mis au point par un ingénieur français.

«La plupart des jeans restent délavés et détruits», note une acheteuse au salon international Denim by Première Vision, venue d'Allemagne pour une grande marque enfants et qui espérait trouver davantage de jeans pastels ou couleur.

Tout près de fabricants japonais, qui alimentent le haut de gamme du jean, le stand «Denim Therapy» fourmille de questions. «Mais ça chauffe comment? Ah bon, mais comment ça se mesure?»

Le textile thermo-régulateur, développé pour les vêtements de montagne ou autres «sports actifs», se transpose de plus en plus au vêtement de ville.

Cette technologie, brevetée en France il y a deux ans, «on va l'appliquer au «mass-market» du jean. C'est une petite niche à développer», explique à l'AFP David Bardin de la société espagnole Tavex, qui partage l'exclusivité avec une société italienne.

«Le dénim est partout, aujourd'hui tout le monde a cinq ou six jeans dans sa garde-robe», renchérit Thierry Heim de HT Concept, fabricant du textile dans les Vosges.

«Le vêtement chauffe en profondeur. Cela ressemble plus à la chaleur que notre corps émet qu'à celle d'une lampe sur la peau, qui est superficielle», explique-t-il, reconnaissant qu'il n'y a «pas d'unité de mesure, tout est dans le ressenti».

La chaleur du corps est absorbée par le textile, qui la restitue ensuite vers le corps. Cette chaleur provoque une légère accélération de la circulation sanguine, contribuant à réduire les douleurs musculaires et articulaires.

La technique est «très similaire à celle des pierres chaudes dans un spa», qui captent la chaleur avant de la rediffuser. «On a adapté cet effet thérapeutique, connu de longue date, au textile», explique M. Heim.

Le dénim thermo-régulateur est actuellement testé auprès d'un constructeur automobile français et de chauffeurs de cars, sous forme de veston, pour tester ses effets contre les douleurs liées à la pénibilité du travail. Et il a déjà été vendu à une société de vêtements pour snowboarders.

Une grande partie du salon était par ailleurs consacré aux jeans vieillis par processus industriel, plus familiers du grand public.

La production de ces jeans suppose toute une série de «post-traitements», du délavage à la griffure ou aux différentes altérations et accrocs faits à la main «pour créer l'illusion du vieux», souligne Pascaline Wilhelm, directrice mode du salon.

Sur ce marché, les Italiens le disputent aux Turcs, très présents, comme en témoigne la petite assiette de loukoums omniprésente au salon.

Selon Hichem Majdoub, de la société tunisienne Confection Ras Jebel, les jeans «les plus branchés, les plus pointus» continuent à venir d'Italie, où se font beaucoup de délavages. Mais les «Turcs se sont affirmés ces cinq dernières années», notamment sur la fabrication, souligne Tugba Ergin, qui travaille dans un bureau de style à Istanbul.