Une grange siglée Chanel ! Karl Lagerfeld a une fois de plus surpris son monde mardi en proposant aux femmes pour l'été prochain une collection champêtre, dans le décor rustique d'une grange installée, meule de foin comprise, sous la verrière du Grand Palais à Paris.

La charpente porte les deux C entrecroisés du logo et le nom de la griffe. Des guirlandes de fleurs courent le long des poutres épaisses, ponctuées de lampions rouges. Des brins de paille jonchent le sol, les gradins du public sont recouverts de toile de jute. Un coq chante, donnant le signal du défilé.

L'été 2010 sera celui du retour à la campagne, en mules cloutées à haut talon en bois, courte robe en crochet écru et gilet assorti piqué de coquelicots et autres fleurs des champs. Les sandales s'ornent elles aussi de fleurs, un tatouage sur la cuisse joue les jarretières.

La taille est fine dans ces robes dansantes, à mancherons ou à larges bretelles, les courtes jupes des tailleurs se fendent haut sur la cuisse sous des vestes allongées. De très larges pantalons, coupés au-dessus de la cheville s'accompagnent de cardigans doux et pâles. Les manches des blouses blanches se gonflent comme des lampions et l'emblématique sac matelassé Chanel a cédé la place au panier.

Mais qu'on ne s'y trompe pas : «ce n'est pas une communauté hippie des années 60», explique Karl Lagerfeld à la presse devant l'énorme tas de foin, un verre en cristal rempli de sa boisson favorite à portée de main. «J'ai rien contre les babas cool», dit-il. «Mais le baba, il retourne chez le pâtissier, soyons cool».

L'écologie, le bio, «c'est une chose à laquelle j'adhère», affirme-t-il, mais «il faut donner une touche de mode, un peu de sophistication».

A la fin du défilé, une scène surgit du sol, avec un orchestre et la chanteuse Lily Allen au micro. Place à la fête ! Des épis dorés parsèment des vestes noires, les robes se parent d'or, les vestes effrangées s'ornent de perles, la mousseline noire se sculpte de ruchés.

Un couple, une gerbe de blé dans les bras, fait un tour depiste avant de rejoindre un troisième personnage allongé dans une botte de foin. Chez Chanel, «on n'est pas sur la paille, on est couché dans les foins», commente Karl Lagerfeld.

Chez Jean-Charles de Castelbajac, la paille est celle d'une paillotte, photographiée sur fond de cocotiers, tandis que des ailerons de requins émergent du sol bleu figurant la mer.

Baptisée «Pirates, perroquets et paradis», sa collection explose de couleurs et, de paréos multicolores en imprimés «Hawaï», transporte le public vers des îles lointaines, Tahiti par exemple, terre natale de sa compagne la chanteuse Mareva Galanter.

Voici donc, au son d'un orchestre live déchaîné, une robe-foulard pailletée à l'imprimé «Morgan le pirate», une robe-pull aux rayures de marin et aux manches imprimées d'ailes de perroquet, des jupes en raphia, d'autres comme des paréos noués.

Des broderies «algues et corail», des imprimés de vahinés et de cocotier enfoncent le clou. Des vestes à épaulettes brodées de pierres évoquent les pirates et leurs trésors. Des robes en raphia tressé prennent des allures de masques.

Chez Chloé, la styliste britannique Hannah McGibbon a imaginé une femme nomade. Cape au vent ou à l'abri d'un poncho, elle arpente le monde en confortables pantalons, chemises boutonnées, sandales rustiques.

Combishorts, shorts à grandes poches, manteaux aux détails de cuir complètent ce vestiaire sans souci décliné dans des nuances de blanc, de terre et de kaki.