La Semaine de la mode de Londres, qui pour ses 25 ans s'offre un nouvel emplacement au coeur de la ville, ouvre ses portes vendredi pour six jours de présentations de collections printemps-été 2010 marquées par le retour de plusieurs enfants du pays.

Considérée comme un incubateur de jeunes talents qui désertaient ensuite le site de leurs débuts pour les podiums plus prestigieux de New York, Milan et Paris, la Fashion Week de Londres assiste avec satisfaction au retour cette saison de Matthew Williamson, Pringle of Scotland, Sass and Bride, Jonathan Saunders et Antonio Berardi.Et les organisateurs se réjouissent aussi des premiers pas de la marque britannique par excellence Burberry Prorsum, habituellement dévoilée à Milan.

«Londres est notre foyer --c'est le coeur de notre marque mondiale de luxe et le centre de toute notre créativité. Nous sommes tellement heureux de défiler pendant la Semaine de la mode de Londres et en particulier de participer à l'anniversaire historique des 25 ans», a déclaré Christopher Bailey, styliste de Burberry Prorsum, collection haut-de-gamme de la marque.

Matthew Williamson, l'un des fleurons de la mode british qui compte dans sa clientèle Sienna Miller, Gwyneth Paltrow et Kate Moss, revient dans «sa ville préférée pour défiler».

«Pour nous, c'est logistiquement plus pratique parce que nous sommes basés ici mais c'est aussi, en permanence, une pépinière de jeunes talents et je suis heureux de faire partie de cela», a-t-il déclaré au Daily Telegraph.

Reste à savoir s'il revient pour rester ou s'il ne fait que passer, comme en septembre 2007 quand il avait présenté en grande pompe ses dernières créations à Londres pour coïncider avec l'ouverture de sa boutique et d'une exposition lui étant consacrée au Design museum.

La reine de la mode britannique Vivienne Westwood avait ouvert la voie du retour aux sources dès février 2008, en choisissant de présenter sa collection de prêt-à-porter Red Label à quelques encablures du lieu de ses débuts dans les années 70. C'était son premier défilé à Londres depuis neuf ans.

«La raison pour laquelle des villes comme Paris génèrent un énorme intérêt est économique», a expliqué Robert O'Byrne, historien de la mode. «On peut aussi voir ces villes non pas en fonction du niveau de chiffre d'affaires qu'elles peuvent générer mais en fonction de leur degré de créativité --et dans ce cas-là, Londres arrive en tête, plutôt que dernière», a-t-il ajouté.

Un retour en grâce qui met du baume au coeur des responsables du British fashion council (BFC) qui, il y a tout juste un an, avaient bataillé ferme pour assurer la survie de la London fashion week. Un compromis a été arraché in extremis avec les trois autres grandes capitales de la mode --New York, Paris, Milan-- dont les présentations s'enchaînent.

L'enjeu était de taille pour les stylistes mais également pour la capitale britannique car l'événement bi-annuel injecte directement 20 millions de livres (22,4 millions d'euros) dans son économie, génère quelque 100 millions de livres de commandes et l'équivalent de 50 millions de livres en couverture médiatique.

Cette édition --dont le programme officiel compte 59 défilés-- marque également une étape importante pour le BFC : la tente géante où se déroulent la plupart des défilés s'est posée dans la prestigieuse cour de Somerset House, bâtiment néo-classique consacré à des événements culturels au coeur de la capitale. Elle était jusqu'alors légèrement excentrée, sur la pelouse du musée d'histoire naturelle.