La mode masculine pour l'été prochain s'annonce plutôt sage, adoptant un style sans fioriture, parfois même très épuré, selon les défilés de prêt-à-porter qui ont débuté jeudi à Paris.

Chez Louis Vuitton comme chez Issey Miyake ou Hugo Boss, les vestiaires proposés regorgent de pièces faciles à adopter. Quand fantaisie il y a, elle demeure très discrète.L'homme Vuitton reste un citadin. Sous la supervision du directeur artistique de la griffe Marc Jacobs, le styliste du studio homme, Paul Helbers, a conçu une panoplie très urbaine, déclinée dans des nuances de gris, de beige, de bleu, avec quelques pièces prune et des éclats de jaune vif.

Il dit s'être inspiré des codes vestimentaires des coursiers à vélo new-yorkais. D'où ces vestes plus courtes et cintrées à la taille, ces pantalons étroits retournés sur le mollet, ces nombreux shorts, portés avec des vestes ou des blousons. Des capuchons amovibles s'accrochent sur les épaules pour protéger le cycliste des ondées estivales.

Seules quelques chaussures pailletées apportent une touche de bling-bling à cet urbain qui sillonne la ville un énorme sac à dos en cuir sur le dos.

Le défilé a été applaudi notamment par le chanteur Keziah Jones, le groupe The Black Eyed Peas et le footballeur Yoann Gourcuff.

Chez Hugo Boss, le styliste belge Bruno Pieters préfère la fraîcheur marine à la poussière des villes. Les paysages maritimes de l'artiste allemand Wolfgang Uhlig lui ont soufflé cette garde-robe très structurée, qui fait la part belle au blanc, au marine, au bleu ciel.

Les lignes sont nettes, le style épuré, avec des pantalons étroits, de longues chemises blanches sans col, parfois transparentes, des vestes sans manches, des shorts qui s'accompagnent de spartiates, des jeux de rayures marines.

Le soir, des pastilles dorées s'inscrustent sur les vestes, composant comme des fragments d'armures.

Chez Issey Miyake, Dai Fujiwara a quitté l'Amazonie qui avait inspiré ses dernières collections pour la Turquie. Le styliste, qui présentait ces dernières saisons sur rendez-vous, a renoué avec les défilés, mais dans ses propres locaux, devant un parterre d'invités réduit.

Il propose des vestes d'aspect gaufré ou froissé, ou avec des éclats de couleurs comme des mosaïques. Des pantalons baggy se déclinent en sable ou se strient de rayures. Des fleurs rose et bleu vifs s'épanouissent sur des chemises.

Le Hollandais Francisco Van Benthum a inauguré un nouveau lieu dédié à la mode et au design, Docks en Seine, avec une collection dont le dépouillement n'exclut pas l'émotion.

Il a renoncé à l'austérité cléricale de sa précédente collection pour un vestiaire aux lignes pures et aux subtils jeux de découpes et de transparences.

«Tout le monde se pose des questions, surtout en cette période de crise, on se demande : "où devons-nous aller ?" Je suis retourné à mes fondamentaux», a-t-il expliqué à l'issue du défilé.

Dans cette collection, baptisée «Solitude», déclinée en blanc, noir, beige et vert pâle, il a souhaité «aller plus loin» dans ses expérience, se montrer «moins attaché à un certain stéréotype masculin», présenter un homme plus vulnérable. C'est «radical dans la mesure où il y une partie qui manque», a-t-il ajouté en faisant référence notamment à ses chemises découpées dans le dos, au niveau des omoplates, laissant le dos nu.

Les défilés devaient se poursuivre jeudi avec notamment Jean Paul Gaultier et Emanuel Ungaro.