Denim de Nîmes ou jeans de Gênes? Sans vouloir voler à sa cousine française sa part de paternité dans le succès de la célèbre toile bleue, le port italien organise cette semaine la première édition d'un salon destiné à faire de la ville la «Capitale du jeans» dès 2010.

«Gênes et Nîmes sont les deux faces d'une même médaille, on ne peut pas vraiment dire qu'il y ait une bataille entre la France et l'Italie sur les origines du jeans», résume Donata Zaccaria, à l'origine du projet «Blue de Gênes: Jeans are coming home» (les jeans rentrent à la maison).Du 4 au 6 juin, le port de Gênes - dont la prononciation en anglais a donné le mot «jeans» - se mettra à l'heure bleue avec une série d'événements: expositions, défilés, forums et débats avec des anthropologues et des stylistes, autour d'un vêtement qui n'a jamais été autant à la mode.

Historiques ou fraîchement débarqués sur le marché, les labels les plus en vue ont répondu présents: de Levi's à Replay en passant par Jacob Cohen, Seven7 ou encore Tommy Hilfiger.

«C'est l'édition zéro mais on pense déjà à ce qu'on va faire ensuite pour transformer cet événement en classique, faire de Gênes la "Capitale du jeans", pourquoi pas dès 2010. Et je pense que pour les éditions suivantes nous inviterons aussi des gens de Nîmes!», s'amuse Donata Zaccaria.

«Historiquement, les villes sont toutes deux reconnues comme étant à l'origine du succès que connaît le jeans aujourd'hui: Nîmes pour le tissu, ce denim tissé bicolore en blanc et bleu, et Gênes pour la teinture indigo mais aussi pour une toile unicolore qui était utilisée dans les voiles des navires», explique-t-elle à l'AFP.

Tout le monde connaît la success story de la marque Levi's: en 1853, son fondateur l'Allemand Oscar Levi Strauss, en pleine ruée vers l'or, ouvrait en Californie un magasin de textile où il allait petit à petit intégrer le denim, une solide serge qu'il avait découverte à Nîmes (sud de la France).

Mais à Gênes, le coton et sa teinture ont laissé des traces beaucoup plus anciennes: la présence d'indigo dans le port remonte à 1140, et au XVIe siècle, le tissu servait déjà à confectionner les pantalons des marins mais était aussi et surtout utilisé comme une étonnante toile de travail par certains peintres.

Une Passion du Christ datant de 1538, peinte en blanc sur une série de quatorze tableaux découpés dans la fameuse toile bleue, est ainsi exposée au Musée diocésain de la ville et constitue une étape incontournable de ce salon «Blue de Gênes».

Autre curiosité, l'exposition d'un jeans géant - 20 mètres de haut et 6 mètres de tour de taille - ou encore la conclusion de la manifestation par une «Nuit bleue» sur le modèle de la nuit blanche parisienne.

Qu'elle devienne Capitale du jeans» ou pas, Gênes devrait réussir au fil des prochaines éditions à mieux faire connaître son rôle dans la saga du jeans, «une marque de fabrique à valoriser tout autant que notre pesto genovese», cette fameuse sauce pour pâtes à base de basilic, selon le souhait de l'adjointe à la Culture de la municipalité, Margherita Bozzano.