Elizabeth Taylor ne connaîtrait qu'un seul mot d'italien... celui de Bulgari: le joaillier expose 125 ans de créations à Rome, une rétrospective scintillante qui fait la part belle à la Dolce Vita et à ses divas, à mille lieux de la crise.

L'exposition s'ouvre sur les objets en argent que Sotiris Boulgaris apprit à travailler avec son père dans sa Grèce natale: ceintures, fibules, colliers, boutons, châtelaine porte-lunettes ou couverture de missel.Trois ans après son arrivée à Rome, celui qui est devenu entre-temps Sotirio Bulgari ouvre au coeur de la ville sa première boutique d'«antiquités, bijoux, curiosités», suivie en 1884 via dei Condotti d'une «Old Curiosity Shop», clin d'oeil au roman de Charles Dickens et encore aujourd'hui siège de la maison.

Les premiers bijoux de platine et diamants apparaissent au début des années 1910. La maison Bulgari se lance aussi un peu plus tard dans les bijoux «transformables»: le bracelet en broches, le collier en bracelets ou en tiare.

En 1932, le fils de Sotirio, Giorgio, créée pour sa fiancée la bague «trombino», un modèle où les diamants entourent la pierre et recouvrent tout l'anneau. Elle deviendra un produit-phare de la maison.

Bulgari perfectionne aussi l'art du «Tremblant», une broche dotée d'un minuscule mécanisme qui la fait scintiller au moindre mouvement.

La taille «cabochon» qui consiste à polir la pierre et non pas à la travailler en facettes et l'explosion des couleurs - le vert des émeraudes, le rouge des rubis, le bleu des saphirs mélangés dans un même bijou - vont donner une identité à Bulgari, dégagés du «style parisien», qui est alors la référence dans la haute joaillerie.

Suprême hommage, un journal français écrira dans les années 50 qu'«un bijou Bulgari se reconnaît comme se reconnaît un tailleur Chanel».

Peu après, Bulgari entre dans l'âge d'or de la Dolce Vita au début des années 60: si Anna Magnani préfère les rubis, Gina Lollobrigida les émeraudes, Sophia Loren et Ingrid Bergman les diamants, toutes les stars de l'époque vont briller à l'écran ou dans les soirées en «Bulgari».

«L'utilisation des couleurs, en particulier des saphirs de toutes les tonalités et une pierre, même la plus belle, intégrée dans le bijou pour former un tout ont créé un style que tout le monde a copié», souligne la commissaire de l'exposition Amanda Triossi.

Parmi les quelque 500 pièces mises en scène dans des pièces plongées dans l'obscurité pour faire ressortir les pierres, une salle entière est consacrée à la collection d'Elizabeth Taylor, pour la première fois exposée en Europe.

«L'un des plus gros avantages de travailler sur Cléopâtre à Rome, c'était la merveilleuse boutique Bulgari», confiait la star américaine.

Une citation de son mari, l'acteur Richard Burton, avec lequel elle tourna ce péplum qui sortira en 1963, lui fait écho: «J'ai fait connaître la bière à Liz, elle m'a fait connaître Bulgari».

Parmi les plus belles pièces exposées, figurent un énorme saphir de 65 carats que Burton offrit à Liz pour ses 40 ans et une lourde parure d'émeraudes et diamants portée par la diva dans sa piscine en compagnie de son perroquet qu'immortalisera le photographe Helmut Newton en 1985.

C'est avec la même opulence que Bulgari, resté aux mains de la famille fondatrice, est entré dans le 21ème siècle comme le montre les bijoux les plus récents: un sautoir en «simple» soie tressée pour un saphir - pierre de prédilection de la maison - de plus de 300 carats ou un collier-plastron pavé de 169 saphirs et 951 diamants.

L'exposition se tient au Palais des expositions jusqu'au 13 septembre.