La Semaine de la mode de Londres, qui s'achève mardi soir, a confirmé sa réputation de pépinière de talents guettés par les grandes maisons, avec des collections automne-hiver 2009 qui ont conservé luxe et volupté malgré la crise.

Les noms de Christopher Kane, Marios Schwab, Louise Goldin ou encore Danielle Scutt circulent depuis déjà quelques saisons dans les coulisses de la «Fashion Week» de Londres: ils appartiennent à la NewGen et à Fashion forward, groupes de créateurs soutenus financièrement par le Conseil de la mode britannique (BFC) et l'Agence de développement de Londres (LDA).

Fraîchement diplômés, ils sont considérés comme les éléments les plus prometteurs du stylisme britannique, augurant un avenir aussi doré que l'ancienne garde de la créativité britannique comme Vivienne Westwood, Paul Smith et autres John Rocha et Jasper Conran.

«Ceux qui arrivent sont tout simplement extraordinaires parce que tout en étant des stylistes créatifs, ils inventent les matériaux qu'ils utilisent. Ils créent tout», a souligné à l'AFP Hilary Alexander, responsable de la mode pour le quotidien The Daily Telegraph.

Des stylistes qui, comme de nombreux aînés avant eux, seront sans doute appelés à présenter leurs collections sur les podiums plus prestigieux de Paris, New York ou Milan. C'est le chemin emprunté récemment par Manish Arora, Gareth Pugh et Matthew Williamson, et le duo Basso and Brooke pourrait suivre bientôt.

Christopher Kane a présenté dimanche une collection automne-hiver 2009 aux silhouettes sculptées de bandes géométriques avec des alternances de velours et d'organza, ivoire et noir. Pour Louise Goldin, révélée en 2005, le noir était de mise avec des vêtements fluides agrémentés d'empiècements de cuir ceinturant la taille telle une carapace.

Marios Schwab, désigné meilleur nouveau styliste britannique en 2006, a également joué avec les formes mais en injectant de la couleur, qui a souvent fait défaut dans les défilés depuis vendredi.

À côté du feu d'artifice de teintes vives de PPQ, Basso and Brooke, Eley Kishimoto, Erdem et des tons chauds chez Nicole Farhi et Paul Costelloe, le cru automne-hiver 2009 a en effet été surtout dominé par le noir.

Symptôme de la morosité économique qui a contraint plusieurs créateurs à réduire leur défilé, voire à y renoncer au profit de simples présentations souvent sur des mannequins en plastique?

Pas vraiment car, en regardant de près, les vêtements sont très travaillés et débordent des matières les plus luxueuses telles le cachemire, les plumes d'autruche, la peau de serpent, la soie, le cuir, la fourrure et l'organza et se parent de riches arrangements de broderies, perles et cristaux comme chez Caroline Charles, Eun Jeong, John Rocha et Jenny Packham.

Luella, peut-être en écho à la grave crise économique des années 70 au Royaume-Uni, a remplacé les fleurs de la saison précédente par des créations punk avec cuirs et ceintures en chaînes.

Chez Paul Smith, le «climat de récession» a fait naître une envie de «couleurs optimistes», a-t-il expliqué à l'AFP. Il a opté pour un rose lumineux sur des tenues de style militaire.

Fidèle à sa réputation, la reine de la mode britannique Vivienne Westwood a présenté une collection de prêt-à-porter irrévérencieuse, inspirée de la série «St. Trinians» du Britannique Ronald Searle.

Le Conseil de la mode britannique, qui sera installé dans ses locaux permanents à Somerset house pour la présentation des collections printemps-été 2010 en septembre, a prévu un bonus mercredi: pour la première fois, un après-midi sera consacré à des défilés exclusivement masculins.

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