Inès de la Fressange, moulée dans une longue robe noire, a retrouvé mercredi son statut de mannequin vedette des podiums parisiens, lors du défilé haute couture de Jean Paul Gaultier, placé sous le signe de la calligraphie, ses pleins et ses déliés synonymes de sensualité.

Au dernier jour de présentation des collections de l'été, le couturier a créé la surprise en faisant défiler l'ancien top model, à la cinquantaine radieuse, dont la dégaine sur les podiums n'a rien perdu de son charme gouailleur. Le mannequin vedette des années 80 a présenté deux modèles, applaudie avec enthousiasme à chaque passage.La chanteuse Helena Noguerra a également défilé mais n'a manifestement pas été identifiée par l'ensemble du public.

Inès de la Fressange «a été notre Mariane quand même», s'est justifié Jean Paul Gaultier, en rappelant que l'ex-égérie de Chanel avait été mannequin pour lui à l'âge de 16 ans.

Quant à Helena Noguerra, aux formes plus généreuses, «c'est pour montrer qu'il y a autre chose que les mannequins de 14 ans filiformes, anorexiques», a expliqué le couturier.

Le goût de Jean Paul Gaultier pour la calligraphie se traduit par une collection en noir et blanc, riche en dentelles, filets et broderies noirs au service d'une sensualité sans complexe.

Une fenêtre voilée de résille noire et rebrodée de volutes s'ouvre par exemple sur une jupe ou bien un filet voile un fourreau. Le pantalon de torero se féminise avec des filets, des dentelles, des ajourés, ou se transforme en corset.

La silhouette rappelle les années 80, avec des épaules très marquées, souvent élargies. Des robes noires à col smoking, des combinaisons pantalon de smoking sont apparues comme un hommage à Yves Saint Laurent, mort en juin, qui inventa le smoking pour femme. «J'ai toujours fait des smokings à ma façon», a déclaré Jean Paul Gaultier, mais Yves Saint Laurent «était un de mes grands maîtres, que j'admirais profondément».

La collection a été très applaudie notamment par les actrices Catherine Deneuve, Arielle Dombasle et Lou Doillon et par la chanteuse Kylie Minogue.

Le noir et blanc était de rigueur aussi chez Franck Sorbier, mais sur pellicule: le couturier a en effet présenté sous forme de film en noir et blanc une collection intitulée «La haute couture n'est plus ce qu'elle était. So what ?!» (et alors ?!).

Le film, signé Olivier Cavellat, met en scène une jeune femme dans une succession de saynètes portant les noms de rues parisiennes que Franck Sorbier aime particulièrement, comme la rue du Chat-qui-pêche, la rue Rosa Bonheur ou celle des Mauvais Garçons.

«La situation économique étant ce qu'elle est, l'idée d'une seule fille s'est imposée», explique le couturier qui, la saison dernière, avait dû se contenter de présenter sa collection sur internet, faute de moyens. Le même mannequin présente, au fil des scènes, des tops, des vestes, une jupe sirène, un fourreau noir.

L'humour et la récup ne perdent pas leurs droits: rue Eugène Poubelle, une jupe sirène en georgette de soir noire s'accompagne d'un haut en sacs plastiques de shopping compressés, ailleurs un bustier a été réalisé à partir d'un exemplaire de la revue «Le Petit Echo de la Mode», ou les plats d'un menu sont brodés sur une veste noire.

En clôture du film, Ray Ventura chante: «Tout va très bien, Madame la marquise...»