Dandy cachant un robot, travailleur luttant contre la machine ou baroudeur urbain raffiné: l'hiver prochain, l'homme pourra incarner des personnages variés, pourvu qu'il affiche une forte personnalité, selon les collections présentées vendredi à Paris, au deuxième jour des défilés de prêt-à-porter masculin pour l'hiver prochain.

Chez Thierry Mugler, c'est comme si s'ouvrait un livre d'images, mais revisitées par la créatrice Rosemary Rodriguez. Voici un pirate, un oeil caché par une pastille de cuir noir, mais vêtu d'un élégant costume, voici des princes en vestes de velours à brandebourgs longues comme des redingotes, bottes cavalières, cravache à la main; voici un moine venu d'Asie, au long manteau frôlant le sol. Surgissent aussi une silhouette en pantalon et gilet moirés comme une carapace de scarabée, des hommes à l'allure robotique, avec leur collier-minerve métallique ou leur costume argent.«Ce que je voulais, c'est que ce soit très chic, très élégant, très classique, mais que ce soit des personnages» qui «nous ramènent à l'enfance», explique la créatrice. «Ce qui me plaisait, c'est de travailler avec des garçons qui ont une forte personnalité, qui pouvaient habiter les personnages» pour que «ce soit un peu des séquences d'images qui m'ont émues dans l'univers masculin» ajoute-t-elle.

L'homme Mugler «a l'air très comme il faut mais il y a des détails dans la silhouette qui font qu'on peut se dire qu'il y a peut-être un homme-robot en-dessous, qu'il y a peut-être quelqu'un d'inquiétant», explique la styliste ravie de cette dualité.

De son côté, Kris Van Assche a enthousiasmé son public avec un homme très contemporain, sorte de baroudeur raffiné en rangers et superpositions de vêtements légers.

Des leggings ou des pantalons bouffants se glissent dans les rangers, des chemises-tuniques dépassent des vestes, des manteaux-capes se dotent d'une capuche comme un voile, des besaces de cuir s'accrochent en bandoulière sur des gilets de costume, eux-même portés sur des pulls.

Des liens tombent des pantalons, des colliers de lanières dégringolent jusque sous la taille.

«On retrouve des thèmes de la femme, comme les liens, les superpositions, l'enchevêtrement, l'allègement des tissus mais tout en gardant le côté masculin», souligne Florence de Monza, directrice des relations extérieures de Docks en Seine, nouveau lieu parisien consacré à la mode et au design. La collection marque «une rupture avec les codes traditionnels du masculin sans les balayer», ajoute-t-elle.

Le duo de stylistes de la marque britannique Blaak, Sachiko Okada et Aaron Sharif, s'est inspiré de la révolution industrielle pour évoquer un homme, un travailleur, combattant la machine. D'où de gros pantalons de lainage aux coutures apparentes, comme s'ils avaient été retournés, des pantalons retroussés sur des rangers, des sangles pour fermer les vestes, des bandes réfléchissantes, des pointes métalliques plantées sur un manteau.

«C'est un homme qui revient à l'essentiel, qui reprend sa vie en main», indique-t-on dans l'entourage des stylistes.