Karl Lagerfeld est partout cet automne. Après la lecture de Beautiful People, peut-être aurez-vous envie de son et d'images pour compléter le portrait de celui qui a relancé Chanel. Fraîchement sorti sur DVD, Lagerfeld Confidentiel documente le quotidien très peu ordinaire du brillant mégalomane au catogan.

Immensément riche et célèbre, Lagerfeld mène une existence de grand seigneur. Solitaire, il n'en est pas moins entouré d'une flopée d'assistants et de domestiques, toujours prêts à le libérer des tracas du quotidien afin qu'il se consacre corps et âme à sa création.

La première scène nous le montre dans son hôtel particulier, à Paris, rempli d'iPod de tous les formats, de livres et de bijoux. Il se prépare pour un séjour à l'extérieur. Ne sachant lesquelles emporter avec lui, il verse avec désinvolture des centaines de bagues dans une de ses innombrables valises. À elle seule, cette scène synthétise ce personnage grandiloquent, l'un des plus truculents qu'il nous ait été donné de voir et d'entendre.

Mais le cinéaste Rodolphe Marconi (Ceci est mon corps), qui a filmé plus de 150 heures d'épreuves de tournage sur trois ans, ne réussit pas tout à fait à confesser son sujet. C'est un autre documentaire, Karl Lagerfeld, un roi seul, diffusé à la télévision française cet automne, qui renferme les meilleures citations. Dans un des extraits que l'on peut regarder sur l'internet, le réalisateur lui demande comment est son regard, derrière ses légendaires lunettes noires. Karl répond: «Il fait un peu pauvre chien à la fourrière qui voudrait se faire adopter. Les gens myopes ont toujours ce regard un peu gentil. Ça, c'est la dernière chose que je veux. Je veux bien être gentil, mais il ne faut pas que ça se voie.»