À l'occasion de 21e Semaine de mode de Montréal, nous avons décidé de mettre à nu cinq designers parmi les têtes d'affiche. Littéralement. Mais comment les convaincre de se déshabiller quand leur métier consiste à nous habiller ? Ce n'est pas une première mondiale souvenez-vous du cliché d'Yves Saint Laurent posant nu à l'occasion du lancement d'un parfum , mais la séance n'en reste pas moins exceptionnelle. Récit.

L'arrivée

Passée la première étape téléphonique qui donna lieu à des: «Oui!», «Euh...», «Quelle idée géniale!», rendez-vous est pris à La Presse. 15 h 02: Philippe Dubuc arrive le premier dans les locaux. Sculptural, bronzé et d'excellente humeur, il précède de trois minutes Denis Gagnon, lunettes vissées sur un visage détendu - un tour de BIXI, c'est bon pour la forme. 15 h15: Simon Bélanger et José Manuel de la griffe UNTTLD, accompagnés d'Anastasia Lomonova, créatrice de sa marque en nom propre, débarquent, complices et manifestement fébriles à l'idée de poser aux côtés de leurs mentors. Anastasia, la seule fille du groupe, s'élance dans l'ascenseur en direction du studio, avec force rires étouffés et blagues, histoire de briser ce qui reste de glace.

La séance maquillage

«Poser nu m'intimide vraiment», confie Denis Gagnon. «En fait, nu... c'est OK, mais jamais sans mes lunettes!» Rires, puis dialogue surréaliste. Philippe Dubuc à Denis Gagnon: «As-tu mis des bobettes?» Denis Gagnon: «Oui mais les plus laites!» Simultanément, Simon Bélanger d'UNTTLD ironise: «C'est la première fois que La Presse va diffuser une photo de moi, et ce sera nu! Ma mère va faire une crise cardiaque!» Anastasia passe la main dans sa crinière, reprenant: «J'ai de la chance, moi je serai habillée de mes cheveux!»

La prise de vue

C'est Marco Campanozzi, le photographe, qui donne le «go!». Comme seul accessoire, un rouleau de tissu gris fourni par Philippe Dubuc s'enroule par vagues autour des corps ondulants. Chacun y va de sa vision de pro: un pli, un drapé, une main posée pour susciter un effet. Tension, gêne et traits d'esprit créent une dimension hors du temps. «Allez, on rentre le ventre!» lance Anastasia. Le flash crépite et Isabelle Poulin, la maquilleuse, constate: «Mais ils sont vraiment beaux!»

Fin du shooting

16 h 32. La séance photo se termine dans les applaudissements. Notre bande des cinq reprend possession de ses vêtements éparpillés. «Ah!», «Oh!», «De voir les clichés, ça me donne encore plus chaud!». Les réactions se font variées et enthousiastes. Eux qui passent leur vie à nous habiller ont fait montre d'une audace folle en acceptant de se dévêtir devant notre objectif. En conclusion, Philippe Dubuc lance: «Je suis ravi d'avoir partagé ce moment de nudité avec vous!» Et tous claquent les talons, pressés par un futur inspiré et inspirant... Ne reste qu'à les remercier de s'être prêtés au jeu.