Par une belle soirée ou pour un lunch ensoleillé, prendre une bouchée au restaurant est toujours une fête en été. Nos critiques mettent à l'essai des adresses de sorties estivales, pour manger sur place ou pour emporter au parc.

On l'a souvent dit : un restaurant, un bar, une bonne adresse, ce n'est pas que de la bonne cuisine. C'est aussi une atmosphère, un concept, un accueil, et le sentiment d'être au bon endroit, au bon moment.

Cicchetti, ce petit bar du Mile-Ex ouvert l'hiver dernier, fait partie de ces lieux où l'on ne peut pas dire que la nourriture est délicieusement hors du commun. Ou que les drinks et la liste de vin sont spectaculaires.

Mais il y a quelque chose dans la chimie de l'ensemble de la proposition qui fait qu'on s'y sent bien.

Il faut dire que lorsque j'y suis allée, il faisait beau. Pas un soleil fou. Une soirée d'été juste à point. Une brise. Une lumière qui dore et s'étiole derrière les immeubles industriels du quartier. Un train qui passe et donne à l'ensemble l'allure d'un vieux film de Jean-Jacques Beineix, chaises de plastique orangées et vert olive incluses.

La terrasse isolée de ce bras perdu de l'avenue du Parc, près de Saint-Zotique, est idéale pour un apéro urbain nostalgique de voyages en Italie. On y est à Montréal, qu'on ne se leurre pas. Mais le but des propriétaires du troquet, Élyse Leclerc, Gabriel Lavallée et Mathieu Delisle - qui sont appuyés par deux vétérans du milieu des bars - est d'évoquer l'aperitivo à l'italienne. Donc on parle de cet apéritif gourmand, qu'il soit à Venise ou Milan, où l'on sert un tas de petits trucs à manger en même temps qu'un Campari tonique ou un Bellini ou encore, bien entendu, un « spritz ». Ce cocktail du moment combine prosecco et Aperol, boisson apéritive peu alcoolisée d'un orange bien vif originaire de Vénétie, de Padoue plus précisément, à base de gentiane et d'oranges amères, maintenant fabriquée par la même entreprise que le Campari. Pendant la Biennale de Venise, on en boit constamment et la passion s'est doucement répandue pour conquérir Montréal. Certains disent que c'est le drink de l'été. Mais surtout, encore plus, le drink à siroter sur cette terrasse du Mile-Ex.

Que mange-t-on et que boit-on, autrement ?

D'abord, une série de cocktails à l'italienne : Bellini (prosecco et purée de pêche, traditionnellement, ici on le fait avec du nectar d'abricot ou de poire) ou Negroni blanc (avec du Lillet plutôt que du vermouth et de la Suze au lieu du Campari), par exemple. On prépare aussi de l'Italian75, avec prosecco, jus de citron, gin et amer Montenegro. 

Si vous n'avez pas l'impression d'être en vacances, en été, ailleurs, avec un de ces drinks-là, alors rabattez-vous sur la Saint-Ambroise au pamplemousse, peut-être ? Ou un verre de rosé bio Domaine de la Patience ?

Moi, je me suis contentée du fameux spritz, un drink sympathique, mais que j'ai toujours trouvé trop facile à boire, peu amer, peu alcoolisé, un tantinet sournois...

Pour grignoter, on s'est lancées dans presque toute la carte, qui est plutôt abordable. D'abord les oeufs mimosas, un classique de mon enfance. Ici, on les fait de façon hyper classique. OEuf, mayo. Lamelles de basilic frais pour la note italienne. Si le plat manquait de fantaisie, il se rachetait avec sa fiabilité, sa loyauté envers Jehane Benoît. Ensuite sont arrivés les artichauts et prosciutto. Ici encore, rien de compliqué : on présente des morceaux d'artichauts marinés - de bonne qualité, je parie une marque italienne - coiffés de fines tranches de jambon cru. Encore un peu de basilic. Ça s'est mangé en deux secondes et quart.

Photo David Boily, La Presse

Des spritzers du Cicchetti.

Pour se remplir l'estomac un peu plus, on est passées ensuite des bouchées à 1,75 $ chacune aux assiettes plus copieuses, à partager, entre 6 $ et 14 $.

Ma préférée : les piments jalapenos cuits et enrobés dans du prosciutto et du fromage de chèvre. La présentation de ce petit plat demanderait un peu de travail, mais en bouche, c'est formidable. Salé, relevé, frais, crémeux... Je le recommande mille fois plus que les arancinis, trop durs, trop secs, malgré la bonne sauce tomate. Sous des airs rustiques nonchalants, ces petites boules de riz frites sont plus difficiles à exécuter qu'on croit...

On aurait aimé une petite bouchée sucrée pour terminer, un peu de gianduja, de gelato, mais il n'y en avait pas. Dommage. Prenez un autre cocktail, nous a-t-on suggéré. On le fera la prochaine fois.

NOTRE VERDICT

Prix : bouchées à 1,75 $, assiettes à partager entre 6 $ et 14 $

Carte de vins : jolis cocktails, vins bios, quelques naturels, petits artisans

Service : absolument charmant et efficace, à part pour les explications concernant le vin un peu courtes... 

Ambiance : l'installation générale du bar a été conçue par deux amis des proprios, mais l'aménagement a été finalisé par Élyse Leclerc, qui est designer - elle a une entreprise appelée Jarre. Le style général est rétro chouette, avec un faible pour les années 70. On aime les bancs mandarine à l'extérieur et les chaises de plastique vertes, orange ou moutarde originales des années psychédéliques. 

Plus : l'ambiance, la déco, le lieu 

Moins : des plats à travailler, l'absence de dessert 

On y retourne ? Oui.

CICCHETTI

6703, avenue du Parc, Montréal

514 379-4879

Photo David Boily, La Presse

La terrasse du Cicchetti.