La cuisine japonaise peut être immensément zen et remplie de cérémonial. Mais elle adore aussi les bouchées et les plats conviviaux.

Au Japon, il y a ces sushis qu'on peut manger dans n'importe quelle gare, déposés sur des assiettes de couleur, elles-mêmes placées sur des tapis roulants le long de comptoirs afin qu'on puisse les saisir quand elles passent. Vous connaissez? Ensuite, on additionne la note en comptant combien d'assiettes on a prises.

Côté super relax, il y a aussi les restos de tempura ou encore les troquets de ramen spécialisés dans la soupe réconfortante aux nouilles, mais surtout aux bouillons ultra-riches, ultra-travaillés. Et puis, il y a les tavernes japonaises, ces izakayas où l'on boit bière et saké en mangeant, où l'on se fait accueillir par un sympathique «irasshaimase!». Elles sont au coeur de l'arsenal chaleureux de la restauration japonaise.

Et parmi ces tavernes, il y en a qui se spécialisent dans le poulet, surtout les brochettes de poulet sous toutes ses formes. C'est l'univers du yakitori.

Montréal compte maintenant un de ces lieux, l'Otto Yakitori, rue Saint-Mathieu, entre De Maisonneuve et Sainte-Catherine, au coeur du quartier asiatique qui s'est développé dans le voisinage de l'Université Concordia, énergisé par une clientèle étudiante en quête de grandes idées et de petits prix.

Je vous avertis tout de suite, l'Otto Yakitori n'est pas la destination savoureuse de folie dont vous allez ressortir transportés par la finesse de parfums, de cuisson, de créations culinaires exotiques. C'est un lieu rustique, qui sert des plats généralement simples même si l'on s'aventure parfois en terrain plus créatif, m'assure le propriétaire Hanhak Kim, avec des plats tels les udon à la moelle et aux oursins.

Mais c'est surtout un espace franchement sympathique où aller avec des copains prendre une bière et une bouchée et voir du monde.

C'est le genre de lieu où l'on commence à deux et l'on finit avec quatre ou six personnes à table. Où la créativité qui n'est pas dans l'assiette est dans le vocabulaire, les coupes de cheveux, les tenues vestimentaires des convives.

Photo Bernard Brault, La Presse

Salade verte servie avec chips de pommes de terre et vinaigrette à l'ail et à l'oignon

Le lieu n'est pas totalement nouveau. Il est arrivé sur la scène montréalaise il y a deux ans, fondé par un maître d'hôtel d'origine coréenne, Hanhak Kim, et un chef d'origine japonaise, Hiroshi Kitano. Les deux sont pères de famille et s'appellent mutuellement «otto», ce qui veut grosso modo dire «hé le père» en japonais.

Le menu est très japonais et, pour la plupart des plats, plutôt basique: des brochettes et encore des brochettes, où les morceaux sont tout petits et se laissent manger en une seule bouchée. Et c'est surtout du poulet. On y met du coeur, du gésier, des saucisses à base de chair de volaille, du foie, de la viande blanche ou brune. C'est tendre, salé, tout simple, grillé sur le charbon. On grignote le tout en marge d'un plat d'edamames vapeur. Avec une bière ou un peu de saké. La maison en compte plusieurs sortes venues directement du Japon. Il y a aussi du yuzu-shu, boisson à base de yuzu, agrume typiquement nippon. Le thé vert est aussi sur la carte.

Le menu ne se contente pas de brochettes, mais c'est la spécialité de la maison.

Les burgers de poitrine de porc, avec concombre sur pain cuit à la vapeur, s'imposent comme une autre option sympathique, mais n'ont pas le fondant et la sauce parfumée nécessaires pour se comparer à d'autres meilleurs en ville. Le calmar sur le barbecue? Il gagnerait sûrement à être plus travaillé. On rêve de marinade, de sauce.

Le plat le plus réconfortant? Assurément le bibimbap, ce plat coréen hautement soutenant, combinant porc haché épicé, oeuf poché couvert de shichimi, ce mélange de piments, de zeste séché et d'épices, le tout sur du riz, des carottes râpées.... On le déguste sans ho! ni ha! juste des hmm! en prenant des bouchées comprenant un peu de tout.

Au dessert, on opte pour le «choix du fêté» pour goûter à tout. De la crème anglaise peu vanillée, mais ultra-riche et épaisse dans un petit pot de verre, de la crème glacée au thé vert et, la plus originale et la plus savoureuse avec ses notes torréfiées, de la glace au thé vert grillé.

À essayer. Comme, tout bientôt, le petit frère de ce restaurant, qui sera situé avenue du Mont-Royal Est: l'Otto Bistro.

Photo Bernard Brault, La Presse

La Buta bara ou brochette de poitrine de porc

Otto Yakitori. 1441, rue Saint-Mathieu, Montréal. 514-507-8886. https://fr-ca.facebook.com/ottoyakitori/

Notre verdict

Prix: plats de 6 $ à 12 $, brochettes: 2,20 $ à 3,50 $ chacune.

Carte de vins: Plusieurs types de saké, de la bière, du «soju» coréen parfumé aux fruits, de la vodka à la japonaise, des cocktails au verre ou en pichet...

Service: Sympathique et plutôt efficace et, oui, en français pour ceux qui se posent la question.

Atmosphère: Décor ultra simple: des chaises en bois, quelques plantes. Chouette trame musicale très années 80, niveau de décibels costaud. On est dans une taverne remplie d'étudiants et d'anciens étudiants venus bavarder, prendre un verre.

Plus: L'atmosphère de fête et le sentiment d'être ailleurs, en plein coeur de Montréal

Moins: La cuisine pourrait être un brin plus approfondie.

On y retourne? Oui